12 décembre 1964 – Alejo Williamson Dávila traverse la cordillère des Andes… en planeur


Comme nous l’avons déjà exposé à maintes reprises, l’exploit d’Adrienne Bolland du 1er avril 1921 clôt l’ère des pionniers de la traversée des Andes et ouvre la voie de l’exploitation commerciale de cette ligne. Contre toute attente, un pilote chilien tente un nouvel exploit en se lançant à l’assaut de la Cordillère… en planeur…

JEUNESSE ET DÉBUTS

Né à Santiago du Chili, commune de San Bernardino, le mercredi 17 juin 1925, Alejo Williamson Dávila est le fils de Guillermo Williamson et de Mercedes Dávila. Il épouse Erna Wenzel Topf et de ce mariage naît une fille dénommée Elizabeth Cecilia Williamson Wenzel.

En 1963, il participe, aux côtés du pilote José Chanés, aux Championnats du monde de vol à la voile organisés à Junín, près de Buenos Aires (Argentine).

L’EXPLOIT

Le samedi 12 décembre 1964, date à laquelle le Chili commémore la Journée de l’Aéronautique Nationale (marquant la première traversée des Andes d’Ouest en Est par Dagoberto Godoy Fuentealba, en 1918), Alejo Williamson Dávila réalise, sur planeur, la première traversée de la cordillère des Andes en sa partie la plus élevée.

C’est aux commandes du planeur LET L-13Blaník’ immatriculé CC-K7W qu’il décolle de l’aérodrome Lo Castillo, sur la commune de Vitacura, remorqué par un petit avion jusqu’à 820 mètres, altitude, à laquelle il se détache en vol libre afin d’accomplir son exploit. La route a été soigneusement étudiée avec son ami Eugenio Guzmán.

Il a choisi de passer la frontière par le col du Christ Rédempteur des Andes[ix] parce que, en cas de problème pendant le vol, il pourrait atterrir sur la route ou sur la ligne de chemin de fer reliant le Chili à l’Argentine. Et, en effet, volant au-dessus de 5 000 mètres d’altitude, il souffre à plusieurs reprises d’un manque d’oxygène. De même, il est pris dans des courants descendants qui le font perdre de la hauteur mais, pour lui, l’échec n’est pas une option. Mendoza, en Argentine, une fois en ligne, il sait qu’il va réussir son pari, devenir le premier pilote à traverser la cordillère des Andes en planeur, il survole l’aérodrome de Plumerillos en utilisant le miroir de signalisation pour se faire repérer de la tour de contrôle. Il faut faire vite car les derniers rayons de soleil s’estompent déjà.

Après cinq heures et cinquante-deux minutes de vol, il est accueilli par le capitaine Angel Másmais qui n’en croit pas ses oreilles. Afin de prouver qu’il vient bien de traverser la cordillère en planeur, Alejo montre le barographe à l’officier, qui doit bien se rendre à l’évidence.

Prévenu, le président de la République chilienne de l’époque, Eduardo Frei Montalva, affrète un avion spécial des Líneas Aéreas Nacionales S.A. (LAN) à Mendoza avec, à son bord, la famille du nouvel héros.

À son arrivée au Chili, Williamson monte à bord d’une voiture décapotable pour se rendre au palais de la Moneda, où l’attend le Président.

DISTINCTIONS HONORIFIQUES

En 1965, il se voit conférer la Médaille d’or de la Fédération aérienne du Chili ainsi que le « Condor », décerné par le Cercle des Journalistes du Chili aux figures les plus importantes du sport national.

En 1969, il reçoit, à Helsinski, en Finlande, la médaille Otto Lilienthal de la Fédération aéronautique internationale (FAI), remise chaque année au pilote ayant apporté une contribution significative à l’aviation sans moteur.

Alejo Williamson Dávila mène une riche carrière de pilote et d’instructeur de vol à voile et reçoit divers hommages de la Force Aérienne du Chili et de diverses organisations.

Il décède à Santiago le jeudi 5 juin 2014, à l’âge de 88 ans.

CARACTÉRISTIQUES DU LET L13 ‘BLANIK’

Conçu par Karel Dlouhy et entièrement en métal, ce planeur monocoque possède des plans auxiliaires d’une construction simple, avec charnières, des guides arrière, des aérofreins de type DFS, des flaps de type Fowler et un train d’atterrissage semi-rétractable. Il présente d’excellentes qualités de vol.

Caractéristiques

  • Pays d’origine : Tchécoslovaquie.
  • Fabricant : LET VZLÚ Lethany.
  • Structure : Aluminium
  • Envergure : 16,20 m²
  • Charge alaire : 26,10 kg/m²
  • Longueur : 13,7 mètres
  • Poids à vide : 292 kg
  • Charge : 208 kg
  • Poids Maximum : 500 kg

Performances

  • Vitesse maximale en air calme : 253 km/h
  • Vitesse maximale en air turbulent : 145 km/h
  • Vitesse maximale de remorquage : 140 km/h
  • Vitesse de perte :   55 km/h
  • L/D maximum/   28 à 93 km/h
  • Chute minimale :      0,82m/s à 83 km/h

ÉPILOGUE

Le vol d’Alejo Williamson Dávila doit être considéré pour ce qu’il est véritablement, c’est-à-dire un exploit individuel sans lendemain. En effet, une liaison régulière Santiago-Mendoza n’est pas crédible au plan économique. Tout au plus le pilote a-t-il démontré que cette liaison était réalisable en planeur.

En revanche, cet exploit est absolument remarquable qu’il a été réalisé… sans moteur. Rappelons que les premiers pionniers ont réussi la traversée de la Cordillère aux commandes d’avions militaires, des appareils forcément les plus puissants et les plus sûrs de leur époque.

Seule Adrienne Bolland effectue la liaison Mendoza-Santiago aux commandes d’un appareil obsolète (un Caudron G.3 notoirement sous-motorisé), démontrant qu’à cœur vaillant, rien d’impossible. Ne restait plus qu’à démontrer que, finalement, on peut faire pareil… sans motorisation.

Éléments recueillis par Bernard Amrhein


SOURCES

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