Dans ce premier quart du XXe siècle, l’aéronautique fait encore la part belle à l’aviation sans moteur, qui se joue des « remous» et des « tempêtes », comme le fera si bien le Français Joseph Thoret, dit ‘le pilote du mont Blanc’. Aujourd’hui, grâce à ‘ClaudeL’, intéressons-nous à la grande manifestation organisée à Gstaad (Canton de Berne/Suisse), au début de l’année 1922…
GSTAAD 1922, L’ARTICLE DE CLAUDEL
« Gstaad 1922
En août 1921, avait eu lieu le deuxième concours de la Röhn, à la Wasserkuppe. Willy Pelzner, jeune allemand de 21 ans, s’y était distingué en gagnant le prix de la totalisation des durées.
À la fin de cette même année, l’Aéro-Club de Suisse décide d’organiser un concours pour le début de l’année 1922. Originalité de cette manifestation : le concours proprement dit sera précédé d’un cours d’initiation au « vol plané », dans le but de démarrer et promouvoir la pratique du « vol sans moteur » en Suisse. Cette manifestation est présentée comme le « coup d’envoi de l’introduction d’un nouveau sport dans notre contrée » par l’Aéro-Club [2].
Merci à Jean-Marie Mesot (J2m de J2mcL-Planeurs) qui m’a fourni l’essentiel de la documentation à la base de la rédaction de cette page.
C’est précisément le 28 novembre 1921, que le comité de la section de Suisse centrale de l’Aéro-Club de Suisse décide d’organiser un cours de vol à voile pour débutants à Gstaad, suivi d’un concours de durée pour planeurs [2].
Cette décision fut prise avec l’appui de l’Office fédéral de l’Air (?) et, plus particulièrement du chef de son service technique, l’ingénieur Robert Gsell [11].
L’événement est annoncé dans divers journaux de Suisse et aussi d’autres pays d’Europe :
La Sentinelle, 23 décembre 1921 [8]
« Chronique sportive
Un concours d’avions sans moteur aura lieu à Gstaad, en février 1922 Le remarquable résultat atteint par le concours d’avions sans moteur du Rhön a provoqué, dans tous les -pays, un vif intérêt -pour ce nouveau sport. Pour que la Suisse ne reste pas en arrière, la Section Suisse centrale de l’Aé. C. S., avec l’appui de la Société de développement de Gstaad, organise un cours pour débutants dans le vol sans moteur, qu’elle place sous la direction du réputé pilote du vol à voile Pelzner. Ce cours durera du 15 février au 15 mars 1922 et sera combiné avec un concours entre participants suisses. Le concours est doté d’un challenge et de prix en espèces. Le secrétaire du cours (ing. Gsell, Eigenplatz 8, Berne) donnera, tous les renseignement désirés aux intéressés. Dernier délai d’inscription : 31 janvier 1922. »
Le 1er février 1922, La Sentinelle, se pose des questions sur l’organisation de ce cours et de ce concours :
« Chronique sportive
Les avions sans moteurs voleront-ils à Gstaad ? (D’un correspondant).
On parle -beaucoup en ce moment, dans les milieux sportifs, du grand concours d’aviation organisé à Dübendorf, par la section orientale de l’Aéro-Club suisse, en septembre prochain.
Par contre, on n’a plus aucune nouvelle du concours projeté à Gstaad, en février ou mars, et où devaient apparaître, pour la première fois en Suisse, des avions sans moteur. Cela serait infiniment regrettable, en raison de l’intérêt que ce nouveau mode d’aviation suscite partout.
Nous croyons savoir que jusqu’à ces derniers temps, aucun aviateur à bras (c’est le cas de le dire) ne s’est fait inscrire. On sait que l’aviation sans moteur, qui se borne à utiliser les courants atmosphériques, est fort périlleuse et qu’elle est encore à sa période de tâtonnements. »
L’Aéronautique, n° 33, février 1922
« Un concours suisse.
La Section « Suisse-Centrale » de l’Aéro-Club de Suisse organise un cours de vol sans moteur, combiné à un concours doté de prix et d’une Coupe-Challenge pour les participants suisses. C’est à Gstaad (Oberland bernois) qu’auront lieu les cours, du 15 février au 15 mars, et le concours du 8 au 15 mars. Les cours seront dirigés par Koller, lauréat des Concours du Rhön.
Les élèves peuvent amener leurs appareils personnels ou utiliser ceux de l’Aéro-Club. La Commission pour le vol sans moteur est chargée de prendre toutes les décisions nécessaires ; Ie Concours, réservé aux nationaux suisses, comprendra :
1° une Coupe-Challenge pour le concurrent qui totalisera la plus grande durée, les vols de moins de 10 minutes ne comptant pas (la condition paraît plus que sévère, N. D .L.R.) , cette compétition devant être renouvelée annuellement, jusqu’à ce que la coupe soit gagnée deux fois par le même pilote ;
2° un prix de 500 fr pour le gagnant de la coupe en 1922 ;
3° un prix de 300 fr pour le second du classement de la plus grande durée. »
Les Ailes 1921-06-23 (erreur de date ?)
« Le vol à voile en Suisse
La Section-Suisse-Centraie de l’Aéro-Club Suisse, organise à Gstaad (Oberland Bernois), du 15 février au 15 mars 1922, un cours international d’aviation sans moteur réservé aux débutants. Ce cours a pour but, dans l’esprit des organisateurs, de faciliter l’apprentissage du vol sans moteur appelé à prendre une grande importance au point de vue sport et préparation au vol avec moteur. Il sera international, toute personne possédant un avion sans moteur ou ayant la possibilité de s’en procurer un, pourra y assister. Il suffit d’envoyer, avant le 31 janvier 1922, une demande au Président de la Section Suisse-Centrale, M. le major Jaler, directeur de l’Office Aérien Fédéral à Berne. Cette demande devra être accompagnée d’une somme de cinquante francs.
Un spécialiste du vol à voile, lauréat du concours du Rhön, sera chargé de l’instruction des élèves. La Section Suisse-Centraie, se propose de mettre à la disposition d’un nombre restreint de participants, les planeurs quelle possède. L’utilisation par les élèves de ces appareils sera subordonnée à l’avis donné par la Commission du vol sans moteur qui sera seule compétente, pour décider de la suite à donner aux demandes des élèves. Un droit de 125 francs, plus 100 francs de caution pour casse éventuelle, devra accompagner les demandes.
À la fin du cours, du 8 au 15 mars, un concours pour l’attribution d’une Coupe-Challenge sera ouvert aux participants Suisses. Elle sera attribuée à l’élève qui aura totalisé pendant cette période, le plus grand nombre d’heures ou de minutes de vol chronométrées par des Commissaires sportifs, les vols de moins de 10 secondes n’étant pas retenus.
Cette Coupe-Challenge sera disputée si possible, chaque année, et aux mêmes conditions, jusqu’à ce qu’elle soit gagnée deux fois, de suite ou non, par le même pilote.
- F. «
Et dans un numéro ultérieur (mars 1922) :
« Un concours est organisé ce mois-ci, du 8 au 15, à Gstaad. Il est doté de 800 francs de prix mais est réservé aux pilotes suisses. »
La revue française L’Aérophile relaie l’annonce de l’événement en février 2021 [1] :
« Le règlement de ce concours a été publié par la Suisse sportive du 7 janvier 1922. L’initiative de l’Aéro-Club suisse de faire précéder le concours international de planeur qu’elle organise à Gstaad, du 8 mars au 15 mars 1922, d’un cours de vol plané est très heureuse. Ce cours aura lieu du 15 février au 15 mars, sous la direction d’un des lauréats du Rhön, à Gstaad (Oberland bernois), comme le concours. Le cours est accessible à toute personne possédant un planeur ou ayant la possibilité de s’exercer sur le planeur d’un tiers.
Le concours est doté d’un prix de 500 francs et d’un de 300 francs. »
On peut s’interroger sur le choix de Gstaad pour cette première manifestation aéronautique. À cette question, les organisateurs ont, à l’époque, répondu :
« Nous attendons beaucoup de cette manifestation, non seulement pour l’aviation, mais encore en ce qui concerne le tourisme international ».
Aussi un soutien matériel fut-il fourni par la station de Gstaad et par l’Office national suisse de tourisme.
Les conséquences de cette première compétition de vol à voile furent très importantes : de nombreux journaux suisses parlèrent du vol à voile pour la première fois et l’attention de la population fut attirée sur cette nouvelle discipline aéronautique [13]. »
ORGANISATION DE LA MANIFESTATION
L’organisation de la manifestation est confiée à l’ingénieur Robert Gsell [11].
Celui-ci fut assez persuasif pour convaincre Jakob Spalinger et Hugo Schmid de participer à cet événement. Sans quoi, la manifestation n’aurait pu avoir lieu, en raison d’un trop petit nombre de candidats.
En effet, le le délai entre l’annonce de l’organisation du cours et la fin des inscriptions (fin janvier 1922) était tellement court que seulement quatre concurrents s’étaient déclarés à la clôture des inscriptions [2] :
Les quatre inscrits étaient les suivants :
- Francis Chardon, postier, Berne, catégorie: parapente-biplan.
- Jakob Spalinger, technicien, Dübendorf, catégorie: deux planeurs (biplan-monoplan).
- Hugo Schmid, ingénieur diplômé, Zürich, catégorie parapente monoplan.
- Association de parapente et de vol à voile de Thun. Catégorie: planeur-monoplan, pilote Albert Cuendet.
Et c’est le jeune mais déjà expérimenté Willy Pelzner, récent vainqueur du concours de la Rhön 1921 (pour la totalisation des durées de vol), qui est recruté comme instructeur pour la durée de ce cours.
La Sentinelle, 15 février 1922
« Le cours pour débutants dans le vol sans moteur, organisé par la section Suisse centrale de l’Aéro-Club suisse, va commencer le 15 février, sous la direction du réputé pilote, d’avions sans moteur, W. Pelzner, qui a obtenu un grand succès au dernier concours du Rhön.
Deux avions de la section seront mis à disposition des élèves.
En plus, quatre participants suisses se sont annoncés avec des appareils personnels, entièrement construits en Suisse.
Pendant les premiers jours auront lieu le montage des appareils, les exercices de « lancement » des avions, l’entraînement de l’équipe spécialisée pour le « lancement », ainsi que les premiers vols d’essai.
Une partie des élèves arrive à Gstaad le 19 février, le reste pour le 1er mars. »
Le même jour, 15 février, L’Impartial, publie pratiquement mot pour mot le même communiqué :
» Le vol sans moteur
Gstaad, 14 février. — Communiqué.
— Le cours pour débutants dans le vol sans moteur, organisé par la section suisse centrale de l’Aéro- Club suisse, va commencer le 15 février prochain , sous la direction du réputé pilote d’avion sans moteur, M. Belzner (sic), qui a obtenu un grand succès au dernier concours du Rhön. Deux avions de la section seront mis à la disposition des élèves. En plus, quatre participants suisses se sont annoncés avec des appareils personnels, entièrement construits en Suisse. Pendant les premiers jours auront lieu le «montage des appareils, les exercices de « lancement » des avions, l’entraînement de l’équipe, ainsi que les premiers vols d’essai.
Une partie des élèves arrive à Gstaad le 19 février, le reste pour le 1er mars. »
LES PARTICIPANTS, LEUR MACHINE ET LEURS PERFORMANCES
Les essais auront lieu à partir d’un tremplin de saut à ski, dont la configuration se prête parfaitement aux vols planés des machines présentes.
L’Impartial, 23 février 1922
« Le cours de vol sans moteur
Gstaad, 22 février. — Le cours pour débutants dans le vol sans moteur, organisé à Gstaad par la section Suisse-Centrale de l’Aéro-Club suisse, a commencé, comme c’était prévu, le 15 février. Ce cours sera terminé par un concours (pour les participants suisses seulement), doté de prix et de la Coupe Challenge de la section Suisse-Centrale. L’instructeur du cours, M. Willy Pelzner, a déjà effectué avec son planeur (‘Haengegleiter’) deux vols d’essai parfaitement réussis. Les renseignements qu’on a pu tirer jusqu’à maintenant sont que les ‘Haengegleiter’ (planeurs sans autre dispositif de start et d’atterrissage que les jambes du pilote qui se trouve suspendu à sa machine) doivent être adaptés spécialement pour leur emploi sur terrain fortement recouvert de neige et qu’en équipant ces appareils avec des patins spéciaux, les départs pourront se faire dans les meilleures conditions possibles. Cet aménagement spécial pour les départs sur la neige est aussi nécessaire pour les planeurs avec siège (qui sont déjà munis de patins étroits), vu que cela permettrait d’obtenir les départs sans aide. La section Suisse-Centrale possède jusqu’à maintenant deux planeurs : le ‘Haengegleiter’ de Pelzner et le planeur (avec siège) de la ‘Gothaer Gleit’ et ‘Segelflugverein’. Quatre machines (dont trois ‘Haengegleiter’) ont été annoncées par des participants suisses ; trois de ces machines n’arriveront cependant qu’au commencement de mars à Gstaad. »
Le Confédéré, n° 28, mercredi 8 mars 1922
« Vol sans moteur
Le 8 mars commencent à Gstaad les concours de vols au moyen d’appareils sans moteur, concours récompensés par des prix en argent et par la coupe-challenge offerte par la section de la Suisse centrale de l’Aéro-Club suisse. Quatre aviateurs suisses prendront part au meeting, avec six planeurs construits .en Suisse. Sept planeurs sont actuellement arrivés à Gstaad, .un huitième est’ en route.
Les appareils participant aux concours de Gstaad sont les suivants : quatre planeurs avec siège et quatre planeurs avec pilote suspendu, cinq biplans et trois monoplans, tous de construction différente. On procède actuellement à des essais. Alors que des difficultés très sérieuses, par suite de la neige, sont rencontrées par les planeurs avec pilote suspendu, les planeurs avec siège ont obtenu , dans la journée de lundi , un véritable succès à la suite d’une tentative du pilote Cuendet, effectuée sur un planeur avec siège de la Société de planeurs et de vois à voile de Thoune.
Le dimanche 12 mars, à 5 heures, aura lieu l ‘assemblée générale à Gstaad de l’Aéro-Club suisse, assemblée qui sera en corrélation avec un concours de planeurs et une exposition de tous ces appareils. »
Willy Pelzner est le premier à arriver à Gstaad. Dès le 17 février 1922, il se lance dans la pente avec son biplan léger, qu’il a conçu et construit lui-même.
Il est venu à Gstaad avec deux biplans hyper-légers de caractéristiques suivantes [10] :
Pelzner I
– Envergure : 4,6 m
– Longueur : 2,7 m
– Hauteur : 1,4 m
– Surface alaire : 13 m²
– Masse à vide : 12,5 kg
– Charge alaire : 6 kg/m²
Pelzner II
– Envergure : 6 m
– Longueur : 3,2 m
– Hauteur : 1,5 m
– Surface alaire : 15,5 m²
– Masse à vide : 11 kg
– Charge alaire: 4,9 kg/m²
Durant le cours, il a réalisé 51 vols, pour une durée totale de 801,4 secondes.
Durant le cours, il a réalisé 31 vols, pour une durée totale de 418,4 secondes.
C’est aussi lui qui réalisa le plus long vol : 42,2 secondes [devant Francis Chardon, 32,0 s]
Mais il ne fut pas déclaré vainqueur, le règlement stipulant que le concours était réservé aux pilotes suisses.
Le 19 février 2022, Francis Chardon entame le montage du biplan qu’il a amené, appareil de sa conception et sa première construction « grandeur », effectuée dans la mansarde qu’il habitait à Berne. Mais l’appareil se révèle trop lourd et donc inapte au vol.
Immédiatement, sur les plans et avec l’aide de Pelzner, il entreprend de construire sur place un autre appareil. Trois jours plus tard, l’appareil est terminé et Chardon peut commencer à s’entraîner.
Francis Chardon (1897-1994) a donc 24 ans en 1922. Il est fonctionnaire postal à Berne, passionné d’aviation depuis son enfance. Il sera le premier pilote de planeur breveté en Suisse [date inconnue], et le 3 juin 1924, il sera breveté avion n° 219. Il fit une (courte ?) carrière de pilote militaire, puis continua dans le civil, travaillant pour la société AD Astra. Aero [14].
Tilgenkamp [10] donne les caractéristiques suivantes du biplan de Francis Chardon :
– Envergure : 5,7 m
– Longueur : 3,5 m
– Hauteur : 1,5 m
– Surface alaire : 13,8 m²
– Masse à vide : 30 kg
– Charge alaire : 6,9 kg/m²
Entoilage tissu. Atterrisseur : les pieds du pilote !
Remarque : la masse de 30 kg de cet appareil, nettement plus grande que celles des planeurs de Pelzner [11 et 12,5 kg], laisse à penser que ces specs sont celles du biplan que Chardon avait amené et avec lequel il n’a pas pu voler.
Pendant la manifestation, il effectuera 61 vols (sur un total de 137). Son vol le plus long – record personnel de 32 secondes – est uniquement battu par l’instructeur de vol Pelzner (dont le meilleur vol est de 42,2 secondes). En 51 vols de concours, Chardon reste dans les airs 617,9 secondes au total, soit une moyenne de 12,1 secondes par vol. Il remporte ainsi le concours, et le prix de 500 francs (or !) qu’il réinvestira immédiatement dans un nouveau projet...
Jakob Spalinger arrive à Gstaad le 1er mars 1922. Il a 24 ans, et n’est pas un débutant. Spalinger a construit son premier planeur dès l’âge de 12 ans. Après le lycée, il est élève de l’école technique de Winterthur, où il construit le S1 (Spalinger 1), dont le premier vol eut lieu en 1919 à Dübendorf (canton de Zürich). C’est en effet là que se trouvait l’OVL (Ostschweizerischer Verein für Luftschiffahrt / Association de Suisse orientale pour la navigation aérienne, section de l’Aéro-Club de Suisse), club très actif dont il était membre.
Donc, Spalinger a déjà effectué des vols planés avec son S-1 (inspiré d’un aéroplane Caudron, peut-être le G.3, mais sans moteur). Pour venir à Gstaad, il modifie son planeur (double dérive, roues remplacées par des patins…), qui devient ainsi le S-2. Spalinger a aussi amené son nouveau S-3. Mais les machines ne sont pas en état de vol, et les avis divergent quant aux raisons : Robert Gsell, dans son compte-rendu note que les planeurs ne sont pas terminés, alors que Jakob Spalinger, dans ses mémoires publiées en 1979, dit qu’ils ont été fortement endommagés pendant le transport.
Tilgenkamp [10] donne les caractéristiques suivantes du biplan S-2 :
– Envergure : 7 m
– Longueur : 5 m
– Surface alaire :20 m²
– Masse à vide : 67 kg
– Charge alaire : 6,6 kg/m²
Entoilage papier. Atterrisseur constitué de deux patins skis réglables.
Le même auteur indique que pendant tout son séjour à Gstaad, Spalinger ne réalisera que quatre petit bonds, pour une durée totale de 10,6 secondes, le plus long de 5,2 secondes, pour une moyenne de 2,7 s. Cependant, Spalinger décrit un vol avec le S-2 au cours duquel, en raison de conditions de vent défavorables, son planeur touche une congère de neige après 9,4 secondes et se disloque après 10,2 secondes.
Le deuxième planeur de Spalinger (le S-3) était un monoplan.
Tilgenkamp [10] donne les caractéristiques suivantes du S-3 :
– Envergure : 12 m
– Longueur : 5 m
– Hauteur : 1,6 m
– Surface alaire : 16 m²
– Masse à vide : 63 kg
– Charge alaire : 8,1 kg/m²
Entoilage tissu. Atterrisseur constitué d’un patin ski principal et de deux patins latéraux plus petits.
Selon Spalinger, le S-3 est cassé lors du deuxième vol après 9,4 secondes. (Aucune source dont nous disposons ne relate les vols du S-3).
Ce n’est que le 13 mars 1922 qu’Hugo Schmid, déjà quelque peu exercé au vol plané (il avait, en 1920 ou 1921, déjà construit un appareil de conception similaire), termine son planeur HS-7.
Comme Jakob Spalinger, il était membre de l’OVL (Ostschweizerischer Verein für Luftschiffahrt, Association de Suisse orientale pour la navigation aérienne, section de l’Aéro-Club de Suisse), club très actif basé à Dübendorf (canton de Zürich). Du 1er au 14 août 1926 il participera au camp de vol à voile organisé par l’OVL à Gottschalkenberg (canton de Zoug). Cette rencontre réunira 25 participants et 14 appareils, dont Hugo avec Schmid son planeur ‘HS 8’. Il était aussi connu pour ses activités d’aéromodéliste.
Les caractéristiques de sa machine étaient les suivantes [2] :
– Envergure : 9.0 m
– Longueur : 4.8 m
– Surface alaire;: 12.8 m²
– Charge alaire : 6.4 kg²
– Masse à vide : 18 kg
– Masse en ordre de vol : 90 kg
« Les premiers essais ont engendré du petit bois », écrit Robert Gsell, à propos de Schmid. En effet ce dernier n’a pu effectuer que trois bonds d’une durée totale de deux secondes, le plus long des trois d’une seconde, le dernier terminé par la destruction totale du planeur...
Albert Cuendet (1883-1933 mécanicien de formation, il devient pilote d’usine chez Blériot en 1913. Il fait partie des premiers pilotes au monde à effectuer des loopings. Après la guerre, de 1918 à 1933, il est ‘pilote d’essai’ au centre de construction suisse de Thoune.
À Gstaad, il pilote le planeur de l’Association de vol à voile et de parapente de Thoune, dessiné et construit par August Haefeli et Louis Lergier. Mais en raison de ses activités à Thoune, il ne pourra être présent à Gstaad que quelques journées.
Dans son compte-rendu (AéroRevue), Robert Gsell écrit :
« Le planeur de Thoune convainc à Gstaad : les spectateurs sont éblouis par la façon du planeur de glisser le long de la pente, grâce ses patins, par sa facilité à décoller et par son vol aux courbes élégantes vers le lieu d’atterrissage. « Il est bien possible qu’un engin de sport d’hiver, très apprécié, soit en train de naître ici ! »«
Tilgenkamp [10] donne les caractéristiques suivantes du ‘Thuner-Gleiter’ :
– Envergure : 10,4 m
– Longueur : 6 m
– Hauteur : 1,4 m
– Surface alaire : 16 m²
– Masse à vide : 55 kg
– Charge alaire : 7,5 kg/m²
Entoilage tissu. Atterrisseur constitué de deux patins skis
Albert Cuendet réalisera pendant le concours 17 vols et une durée de vol totale de 371,5 secondes. À cela il faut ajouter un vol effectué avant le concours, donnant un temps cumulé total de 389,5 secondes.
Il sera classé deuxième du concours
EN CONCLUSION
L’Impartial, 23 février 1922
« BERNE. 21 mars.
— Le cours et le concours de Gstaad sont terminés.
Les résultats officiels doivent encore être mis au point et comparés avec des indications des commissaires sportifs ; cependant, il est établi d’ores et déjà que cinq pilotes avec six planeurs ont exécuté 130 vols. Trois de ces appareils seulement purent faire Ieurs preuves, les trois autres. qui furent terminés trop tard, n’ayant pas dépassé la période des essais. II est réjouissant de constater que ce premier cours de vols sans moteur, qui comportait quelques risques vu le manque d’expériences, s’est terminé sans qu’on ait eu a déplorer le plus léger accident pour les participants.
La Section suisse centrale de l’Aéro-Club suisse avait intentionnellement choisi pour cette manifestation un centre de sports d’hiver, afin de pouvoir constater l’influence de la neige sur le start, l’atterrissage et le danger des chutes. Pour les planeurs avec siège, qui étaient munis de skis, la neige facilita, comme on l’attendait, les starts ; on obtint à Gstaad, pour la première fois, des départs sans le secours d’équipes d’aides. Pour les ‘Haengegleiter’, (le pilote suspendu à sa machine courant sur le sol pour obtenir le départ) la neige rendit les starts plus difficiles et occasionna quelques dommages aux appareils, mais sans la plus petite blessure aux pilotes.
La manifestation de Gstaad a eu, comme moyen d’introduction d’un nouveau sport en Suisse, le succès désiré. En outre, elle permit de prévoir l’ampleur que pourra prendre chez nous, et cela dans toutes les saisons, le vol sans moteur, en considération de la diversité de notre sol. »
L’Impartial, 29 février 1922
« Les vols sans moteur — Résultats du concours de Gstaad
La manifestation de Gstaad est terminée, les résultats mis au point accusent :
137 vols de cinq pilotes avec six planeurs, dame durée totale de 1876,1 secondes. Trois machines, dont deux furent construites en Suisse, ont pu faire leurs preuves ; les trois autres furent terminées trop tard et ne dépassèrent pas la période des essais. Le plus long vol enregistré pendant la manifestation dura 42,2 secondes, et le plus long vol d’une machine construite en Suisse et pilotée par un Suisse, fut de 32 sec..
On a enregistré en outre : 8 vols d’une durée de plus de 30 sec., 27 de plus de 20 sec., et 109 de plus de 10 sec.
Ces résultats peuvent être considérés comme réjouissants d’autant plus, que !a première manifestation de ce genre en Suisse eut lieu sur un terrain défectueux et dans des conditions atmosphériques pas toujours très favorables. En outre, la plupart des participants ne furent présents à Gstaad que pendant une période très restreinte.
Mais le succès indirect est encore plus grand si l’on pense que cette manifestation a introduit un nouveau sport en Suisse.
Le concours eut lieu sur la « durée totale de tous les vols exécutés à l’exception de ceux d’une durée inférieure à 10 secondes ». De façon générale, les participants s’efforcèrent de faire plutôt un grand nombre de petits vols afin de ne pas perdre trop de temps.
La machine qui a été la plus remarquée fut un planeur avec siège construit par les ingénieurs Haefeli et Lergier et appartenant à la ‘Thuner Gleit- und Segelflugverein’. On peut s’attendre à ce qu’avec cette machine, on arrive à des résultats remarquables et il est à regretter que son pilote n’ait pu, pendant le temps du concours, voler que durant un jour et demi à Gstaad.
La coupe-challenge pour vols sans moteur et le premier prix de 500 francs ont été attribués à M. F. Chardon, de Berne, sur ‘Haengegleiter’ Pelzner. construit à Gstaad (61 vols avec 672.6 secondes et une plus longue durée de 32 secondes. pendant le concours 51 vois avec 617.9 secondes).
Le second prix de 300 francs échut à M. A. Cuendet, de Thoune, sur planeur avec siège de la ‘Thuner Heft- und Segelflugverein’ (18 vols avec 389.9 secondes et une moins longue durée de 26 secondes : pendant le concours, 17 vols avec une totalisation de 371.5 secondes).
L’instructeur du cours, M. W. Pelzner. totalisa 801,4 secondes en 51 vols avec une plus longue durée de 42,2 secondes.
Le prochain concours, qui aura lieu sur d’autres bases, permettra d’envisager sans doute des performances plus remarquables, si on songe aux progrès rapides que ce genre de sport a réalisés à l’étranger. »
En effet, l’année 1922 sera ensuite marquée en Europe par un accroissement spectaculaire des performances : le 18 août 1922, Arthur Martens, le premier, dépasse l’heure de vol (à la Wasserkuppe). Ce record ne tiendra pas longtemps puisque, une semaine plus tard, et au même endroit, Friedrich Hentzen tient l’air pendant 3 heures et 10 minutes (sur planeur ‘Vampyr’ [5], comme Martens). Finalement; durant le concours d’Itford Hill [6], Angleterre), le 22 septembre 1922, Alexis Maneyrol ravira le record à Hentzen en volant 3 heures et 21 minutes (planeur Peyret Tandem [7]).
SOURCES DOCUMENTAIRES
Les informations de première main les plus fiables seraient à retrouver dans l’AeroRevue [Revue officielle de l’Aéro-Club de Suisse] des années 1921-1922, dont nous ne disposons malheureusement pas.
[1] Concours d’aviette ou d’avion sans moteur en Suisse, L’Aérophile 1er-15 février 1922, page 34 – Gallica-BnF
[2] Gstaad 1922 : une question de secondes, par Daniel Steffen, AéroRevue 1-2022
[3] 100 Jahre Segelflug in der Schweiz, par Felix Deutsch, Segelflugverband der Schweiz SFVS, site AeroBeo Info
[4] Come up, touch down, par Lukas Kappenberger : Röbi Möhl und René Zürcher, Müller Medien AG, Gstaad 2016. Un chapitre de 8 pages sur le concours de Gstaad.
[5] Akaflieg Hannover H-1 ‘Vampyr’, Base de données J2mcL-Planeurs
[6] Le concours d’Itford Hill, page de ce même site Vieilles Toiles…
[7] Peyret Alérion Tandem, Base de données J2mcL-Planeurs
[8] La Sentinelle, quotidien publié à La Chaux de Fond (Suisse) de 1970 à 1965. Accessible en ligne sur la données J2mcL-Planeurs. Bibliothèque de la Chaux-de-Fond
[9] L’Impartial, quotidien publié à La Chaux de Fond (Suisse) depuis 1881. Bibliothèque de la Chaux-de-Fond
[10] Die Geschichte der Schweizerischen Luftfahrt – Mit und ohne Motor, Erich Tilgenkamp, 1942 – J2mcL-Planeurs
[11] Il volo a vela,Italo Marrazza, 1945 – J2mcL-Planeurs
[12] Vom Segelflug-Wettbewerb in Gstaad. Schweizerische Bauzeitung, 79/80 (1922) Heft 23 – E-Periodica
[13] Francis Chardon, un pionnier de vol à voile de 88 ans, Revue inconnue. 1985
[14] Francis Chardon, Pioner und Allround pilote – Segelflieger den esrsten tage, Revue et date inconnues
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