2 mars 1929 – Mermoz en difficulté dans la Cordillère des Andes


Les débuts de la Compagnie Générale Aéropostale en Amérique du Sud sont épiques. En effet, il faut traverser les Andes, ce qui représente déjà, en soi, un exploit, même pour des pilotes aguerris. Il arrive que les avions tombent en panne à haute altitude et dans des contrées inhabitées. Dans ces conditions, la « débrouille » est de mise et, conjuguée à l’audace, permet de se sortir de toutes les situations. Ainsi, dans la même semaine de ce début mars 1929, Jean Mermoz se sort de deux situations délicates. Venons-en au premier récit…

CONTEXTE

En 1927, Marcel Bouilloux-Lafont, président et fondateur de la Compagnie Générale Aéropostale, (qui prend la suite de Pierre-Georges Latécoère après le rachat de sa Compagnie générale d’entreprises aéronautiques), envoie Jean Mermoz, en tant que chef pilote, à Rio de Janeiro (Brésil).

Le dimanche 6 novembre, Mermoz embarque, à La-Rochelle, à bord du paquebot ‘Groix’ afin d’aller développer de nouvelles liaisons en Amérique du Sud, jusqu’en Patagonie et au Chili. Avec l’aide de Julien Pranville, le chef d’exploitation sur place, Mermoz développe les vols de nuit, puis s’attaque à franchir un obstacle majeur, la Cordillère des Andes.

L’année 1928 est aussi le début de la grande aventure chilienne. Dès janvier, l’Aéropostale obtient un contrat pour le transport du courrier entre le Chili et les pays déjà desservis par son réseau. Malheureusement, les avions affectés à la compagnie (Laté 25 et Laté 26) n’atteignent pas un plafond suffisant pour passer les cols de la Cordillère des Andes. Mais rien n’arrête Mermoz… Ainsi, le dimanche 18 novembre, avec les conditions météo favorables de l’été austral, avec son Laté 25 (appareil dérivé du Laté 17, dont il a conservé l’immatriculation F-AIEH) et son nouveau mécanicien, Alexandre Collenot, il réussit à se faufiler entre les pics de la Cordillère et à atteindre Santiago du Chili par la route la plus directe, celle empruntée par le chemin de fer Transandin.

Trois jours plus tard, Il renouvelle l’exploit dans l’autre sens et se pose sans encombre à Buenos Aires (Argentine) dans la soirée du mardi 21.

PREMIER AVERTISSEMENT

Il ne faut cependant pas trop tenter le diable. En effet, le samedi 2 mars 1929, dans le cadre d’un vol de reconnaissance, Mermoz, Collenot et un passager de marque, le comte Henry de La Vaulx, Président de la Fédération aéronautique internationale (FAI), embarqué à San Antonio Oeste, se préparent à passer la Cordillère par une route sud à la hauteur de Conception-Valdivia, là où les sommets sont moins impressionnants.

En plein massif montagneux, à l’aplomb d’un chaos de roches indescriptible, le moteur se met à cafouiller puis s’arrête net. Mermoz repère rapidement une étroite langue de granit à peu près plate et se prépare à atterrir en vol plané.

Il témoigne :

« Qu’il vous suffise de savoir que j’ai atterri deux fois dans la Cordillère. Une première fois avec le comte de La Vaulx à hauteur de Conception du Chili à 1 500 mètres d’altitude sur une plate-forme de 250 mètres de long sur 3 de large en dos d’âne, conséquence panne carburateur. L’appareil allant s’engager doucement sur une des pentes conduisant à un ravin de 700 mètres de profondeur, j’ai pu sauter en bas d’un bond et m’arcboutant à la queue pour le faire dévier et le mettre en travers de la pente. Issue fatale en cas de non réussite. Après avoir réparé, nous sommes repartis après un magnifique plongeon dans le ravin ».

Une heure plus tard, l’avion se pose à Santiago.

Le samedi 9 mars 1929, pour le retour de Santiago à Buenos Aires, Mermoz veut explorer la route du nord passant par Copiapo réputée comme étant la plus praticable.

Mais ceci est une autre histoire…

Éléments recueillis par Bernard Amrhein


SOURCES

  • Jean Mermoz, par Jacques Mortane, librairie Plon, édition 1937.

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