Après le succès de l’avion naissante en Europe et en Amérique du Nord, plusieurs parties du monde se mettent à rêver de participer à l’essor d’un mode de locomotion alors considéré comme futuriste. C’est tout particulièrement le cas en Amérique du Sud et au Venezuela, où un jeune pilote américain vient présenter un appareil conçu et réalisé par lui-même et par ses frères. C’est ainsi que Franck Edward Boland devient le premier pilote à prendre l’air à Caracas le dimanche 29 septembre 1912…
BIOGRAPHIE
Francis Edward Boland naît le 31 juillet 1873 à Craryville, dans l’État de New York, aux États-Unis d’Amérique. Ses frères James Paul Boland (20 août 1882 / 19 décembre 1967) et Joseph John Boland (27 mai 1879 / 12 septembre 1964) et lui-même sont les enfants de James Francis Boland (1834–1913) et de Catherine Julia Kavanaugh (1843–1925).
Les trois frères Boland deviennent très tôt concepteurs d’avion à Rahway, dans le New Jersey, et lancent ensemble la Boland Airplane and Motor Company. En 1898, ils établissent un record dans une course cycliste. En 1904, Frank and Joseph créent un service d’entretien de bicyclettes, le motos et d’automobiles, toujours à Rahway.
E.T. Wooldridge (impossible de décrypter ses prénoms), un spécialiste de l’aviation américaine, écrit : « Les frères Boland constituent une infime, mais extraordinaire partie de l’histoire de l’aviation des États-Unis d’Amérique. C’est Frank qui insufflait l’enthousiasme, l’ingéniosité et une capacité de pilotage autodidacte ; Joseph apportait son génie mécanique transformant les idées en réalisations tangibles et pratiques ; tandis que James avait le sens des affaires manquant souvent dans ce genre d’entreprises ».
PREMIERS SURVOLS DU VENEZUELA
En 1912, le général Roman Delgado Chalbaud invite Frank Edward Boland à visiter le Venezuela. Accompagné de Charles Hoeflich et de leurs deux appareils, l’aviateur arrive à bon port à bord du navire à vapeur SS ‘Maracaibo’.
À Caracas, les avions (des biplans conçus par Boland, construits à partir de bambou et de tissu, possédant un moteur 60 CV et pesant 300 kg) est assemblé et des accords sont signés de sorte que l’évènement se déroule le dimanche 29 septembre, dans l’enceinte de l’hippodrome ‘El Paraíso’, auquel beaucoup de citadins et le président de la République, le général Juan Vicente Gómez, assisteront. Le jour dit, le vol dure approximativement 27 minutes, l’avion survolant la ville d’ouest en est, pour finalement atterrir à l’hippodrome au point prévu.
Comme le montre la photo ci-dessus, bien qu’assez proche de la mer, la capitale vénézuélienne est située dans un fossé de la Cordillère caraïbe, à une altitude moyenne de 900 mètres. Elle est par conséquent entourées de montagnes relativement hautes (certaines pouvant avoisiner les 1 500 mètres d’altitude), et le connaisseur ne peut que s’extasier de la prouesse réalisée par l’aviateur.
Bolland effectue également des démonstrations à Valencia, Puerto Cabello, Barquisimeto, Maracaibo et Ciudad Bolívar.
Charles Hoflich est malheureusement victime du premier accident aérien répertorié dans le pays, le dimanche 6 octobre 1912, lorsque son avion s’écrase au décollage depuis l’hippodrome ‘El Paraíso’, provoquant de lourds dégâts à l’avion quelques blessures légères au pilote.
UNE FIN TRAGIQUE
Le pilote poursuit sa route vers l’île de Trinidad, alors possession britannique, où il décède dans un accident aérien lors d’un vol de démonstration organisé à Port of Spain le 23 janvier 1913.
Il est inhumé au Saint Mary’s Cemetery de Clark, Union County, dans le New Jersey.
POSTÉRITÉ
Les frères Boland s’ingénient à développer des avions sans queue (donc sans dérive). Une maquette de leur avion est exposée au Smithsonian National Air and Space Museum à Washington, DC.
En 1914, l’Aeromarine Plane and Motor Company d’Avondale, New Jersey, reprend les brevets de tous les appareils et de tous les moteurs de la marque Boland.
Au cours des cycles de compétition 1997-1998 et 1998-1999, l’équipe des ‘Frères Boland’, composée d’un petit-neveu et d’un petit-petit-neveu desdits frères concourt dans le cadre de la National Association of Rocketry (NAR/Association nationale de fusées) au niveau régional et national, établissant pas moins de deux records et finissant à la troisième place pendant la saison 1998- 1999.
Enfin, le vol tragique de Port-of-Spain est évoqué dans la nouvelle historique de Bruce Geddes intitulée ‘Chasing the Black Eagle’ (‘En pourchassant l’aigle noir’).
ÉPILOGUE
En résumé, si Franck Edward Boland ne s’est jamais présenté comme un pilote de montagne, il suffit de contempler les photographies d’époque pour constater qu’il a évolué, tant à Caracas qu’à Trinidad, dans un environnement montagneux bien marqué.
Si le décès prématuré du pilote, alors âgé de 39 ans, signifie la fin de la marque Boland, il reste dans l’imaginaire populaire comme l’un de ces nombreux pionniers de l’aviation trop tôt disparus dans des conditions tragiques.
Pour toutes ces raisons, il mérite amplement de figurer dans notre panthéon virtuel de ‘ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines’, emblématiques d’une (Belle) Époque où l’on était persuadé que les progrès techniques et mécaniques rendraient le monde meilleur…
Éléments recueillis par Bernard Amrhein
SOURCES
- Premier vol au Venezuela
- First flight in Venezuela
https://en.wikipedia.org/wiki/First_flight_in_Venezuela