6 janvier 2020 – Le pilote des glaciers suisse Ruedi Homberger décède des suites de son atterrissage forcé du 29 décembre 2019


Le mardi 29 décembre 2019, le pilote de montagne suisse Ruedi Homberger s’écrase non loin d’Arosa (Canton des Grisons/Suisse) suite à une tentative d’atterrissage forcé avec un avion de tourisme. Lui-même, ainsi que son passager, sont grièvement blessés. Malheureusement, âgé de 79 ans, « Hombi » succombe à ses blessures à l’hôpital cantonal des Grisons.

UNE PERSONNALITÉ AUX MULTIPLES TALENTS

Dans l’édition 1/2018 d’Aerokurier, Tashi Dolma Hinz décrit le pilote des glaciers de la manière suivante :

« ‘Hombi’ est un original, connu bien au-delà d’Arosa : Ruedi Homberger voyage partout dans le monde comme photographe, cinéaste, guide de montagne, alpiniste de l’extrême et pilote des glaciers. D’un point de vue aéronautique, Ruedi Homberger a été initié tardivement. Cependant, avec beaucoup d’application, il a compensé son manque d’expérience et se pose aujourd’hui, à l’âge de 77 ans, comme un oiseau de montagne éprouvé, en véritable continuateur de l’œuvre de son idole, Fredy Wissel. »

UNE CARRIÈRE DE PHOTOGRAPHE

Né à Coire (Canton des Grisons/Suisse) le lundi 13 mai 1940, Ruedi Homberger grandit à Arosa et suit un apprentissage de photographe dans les magasins de ses parents, dont il prend la suite. Plus tard, il se fait un nom en tant que photographe de montagne. Outre les photographies des glaciers, de la flore et de la faune suisses, il effectue de nombreuses prises de vues à l’occasion de ses voyages à travers la Patagonie, en Himalaya ou en Alaska.

Dans les années 1960/1970, il tourne également des films en 16 mm et donne, dans toute l’Europe, des conférences, abondamment illustrées par des diapositives. Son thème de prédilections tourne autour de ses voyages au Népal.

Dans ce contexte, ce n’est qu’à l’âge de 58 ans qu’il se lance dans l’aéronautique. En effet, sentant ses forces décliner et ne pouvant plus effectuer d’aussi longues marches, il se souvient avoir requis les services de pilotes de brousse ou de glacier afin d’atteindre les zones d’altitude pour y réaliser ses reportages.

UNE CARRIÈRE DE PILOTE

Il suit donc une formation de pilote privé aux États-Unis d’Amérique puis, de retour en Suisse, obtient la licence EASA et achète un Piper ‘Cub’ avec un ami.

Chaque fois que la météo le permet, il prend les airs et, bientôt, c’est la passion du vol montagne qui le gagne. Cependant, le ‘Cub’ étant assez faiblement motorisé (65 CV seulement) pour effectuer de tels vols en altitude, Homberger passe au ‘Super Cub’.

En 2006, après les 250 atterrissages requis, il obtient la qualification de vol en montagne et son rêve d’explorer les étendues enneigées depuis les airs se concrétise enfin. Il embarque souvent des géologues suisses ou autrichiens pour étudier, avec ces experts, la constitution des massifs alpins.

LE DRAME

Le mardi 29 décembre, Ruedi Homberger décolle de l’aérodrome de Bad Ragaz (Canton de Saint-Gall/Suisse) avec une deuxième personne à bord pour effectuer un vol au-dessus de l’un des domaines skiables d’Arosa.

Une vidéo amateur montre comment l’appareil rencontre de fortes turbulences, perd de l’altitude. Près de la Tschuggenhütte et finit par s’écraser dans la neige. Vers 11 h 45, la police reçoit plusieurs appels signalant l’accident. Des témoins, ainsi que deux équipages de la Garde aérienne suisse de sauvetage (Rega), prodiguent les premiers soins aux deux victimes de l’accident qui, selon le rapport de police, doivent être désincarcérées par les pompiers d’Arosa.

Deux hélicoptères transportent les blessés, en urgence absolue, à l’hôpital cantonal des Grisons de Coire, où Homberger succombe à ses blessures une bonne semaine plus tard.

ÉPILOGUE

Avec la disparition de Ruedi Homberger, l’aéronautique helvétique perd une figure culte ainsi que l’un de ses ambassadeurs. Si les quelques éléments recueillis ne permettent pas, à ce stade, de déterminer les raisons exactes de l’atterrissage d’urgence, ce crash occasionne la disparition d’un amoureux du vol en montagne, capable, toujours avec le sourire, de communiquer un enthousiasme communicatif.

Cet accident rappelle que le vol montagne constitue une activité à haut risque, même pour les pilotes de glaciers chevronnés.

Fidèles à notre politique rédactionnelle, nous communiquons beaucoup sur les crashes en terrain accidenté, non pour rechercher le sensationnel, mais bien pour sensibiliser la communauté aéronautique sur les risques encourus et sur la nécessité de rester mobilisés de la mise en route de l’appareil jusqu’à la coupure des gaz…

Éléments recueillis par Bernard Amrhein


SOURCE

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