25 juin 1929 – Naissance de Fernand Martignoni, « un Aigle »


Après avoir beaucoup mis en exergue la personnalité d’Hermann Geiger, « le Pilote des Glaciers », « l’Aigle de Sion », Pilote de montagne s’attache à la figure de Fernand Martignoni, à la fois son apôtre, son fidèle second et le continuateur de son œuvre. En effet, celui-ci a consacré toute sa vie de pilote des glaciers et de pilote d’hélicoptère au secours en montagne…

JEUNESSE ET FORMATION

Fernand Martignoni est un pilote suisse né le 25 juin 1929 à Thouvey, un hameau de la commune de Basse Nendaz, dans le Canton du Valais, en Suisse.

Fernand Martignoni passe toute sa jeunesse dans un apportant bonheur familial et joies de la nature.

Très éveillé, Fernand s’intéresse de suite à la technique. Vers la fin de sa scolarité, il commence à fabriquer des avions miniatures et des modèles réduits en tous genres.

En 1950, il épouse Julia Theytaz avec qui il a cinq enfants, dont Jacques Martignoni (qui travaille encore aujourd’hui à Air Glaciers comme chef-mécanicien).

En 1952, après un apprentissage comme mécanicien automobile, il rejoint Hermann Geiger, « l’Aigle de Sion », avec lequel il apprend à piloter.

« J’ai toujours eu un faible pour les choses de l’air. Mais c’est Geiger qui m’a donné le goût de l’Aviation à tel point que j’en ai fait l’essence de ma vie. »

Fernand Martignoni

Très compréhensif et soucieux d’aider le jeune élève-pilote, Geiger lui permet de suivre, à moindre frais mais contre quelques travaux d’entretien au sol et en mécanique, les quelques 30 heures de vol nécessaires pour obtenir son brevet. Il enchaîne alors avec le vol avec skis, technique mise au point par Hermann Geiger, qui atterrit sur le glacier de la Kanderfirn en 1952.

En 1953, il effectue ses premiers atterrissages sur glaciers et devient pilote professionnel l’année suivante et pilote d’hélicoptère sur Bell 47 G2 en 1958. En 1956, l’Aéro-Club de Sion l’engage comme deuxième pilote aux côtés d’Hermann Geiger.

Le 18 mars 1965, il effectue un transport les matériaux pour le barrage de Toules, dans le val d’Entremont lorsque le temps se gâte et que le Foehn se met à souffler pendant sa dernière rotation. Il est plaqué au sol et l’appareil prend feu. Le pilote est brûlé au troisième degré sur 25 % de son corps mais sa résistance physique et ses ressources morales lui permettent de reprendre ses activités six mois plus tard.

Le 19 mars 1965, c’est au micro de la Radio Télévision Suisse (RTS) qu’Hermann Geiger explique comment c’est accident est survenu :

C’est sur son lit d’hôpital qu’il apprend que l’Aéroclub de Sion, son employeur, s’apprête à céder le secteur du transport et du sauvetage à une nouvelle Compagnie fondée par Bruno Bagnoud : Air Glaciers. Dans la foulée, il est convié à la rejoindre et c’est ainsi qu’il poursuit ses activités sous une autre bannière, mais dans les mêmes dispositions d’esprit.

À la suite du décès tragique d’Hermann Geiger, le 26 août 1966, le personnel d’Air Glaciers plébiscite Martignoni pour prendre la place de Chef Pilote de la compagnie. Par la suite, les sauvetages succèdent aux sauvetages, les vols de liaison se succèdent aux vols de liaison, de jour comme de nuit. Ses seules distractions sont la pêche et la chasse et, bien entendu, les réunions de famille. Dans tous les cas, il est toujours prêt à partir.

 

UNE CARRIÈRE DE PILOTE DE MONTAGNE

Parfois appelé « le Saint-Bernard volant » (bien que, selon certaines sources, ce surnom soit aussi attribué à Geiger lui-même), Fernand Martignoni mène plus de 2 500 sauvetages en montagne, aussi bien en avion qu’en hélicoptère. Il est membre fondateur et le premier président du Para-club Valais.

Quand on lui demande ce qu’il ferait s’il était millionnaire, il répond :

« Ce que je ferais ? Je volerais, non plus pour gagner ma vie, mais pour mon plaisir, uniquement par sport. Je me poserais sur les glaciers et je partirais sur mes skis dans des descentes fantastiques pendant que mon pilote ramènerait mon avion à l’Aéroport. Surtout je partirais au Canada où coulent des rivières pleines de poissons et je pêcherais tout le jour. Bien sûr pour les grandes distances, j’aurais mon hydravion. »

Cependant, le destin en décide autrement. En effet, le mercredi 27 octobre 1982, il prend les commandes de l’Alouette III HB-XCM d’Air Glaciers engagée par le Service vétérinaire dans le cadre de la campagne de lutte contre la rage en larguant des appâts pour vacciner les renards. En remontant le pâturage d’Ayerne, au-dessus des Diablerets, l’appareil heurte le câble d’un téléphérique desservant un chalet d’alpage.

Pour mémoire, cette ligne avait été rayée par erreur de la carte des obstacles par la navigation aérienne suisse… L’accident fait quatre morts et a un grand retentissement en Suisse.

UN PALMARÈS IMPRESSIONNANT

Fernand Martignoni a plus de 17 000 heures de vol (dont 6000 sur hélicoptères), et plus de 2500 sauvetages à son actif. Il s’est posé 36 000 fois en avion et 25 000 fois en hélicoptère, toujours en montagne.

Membre d’Honneur de l’Aéroclub de Suisse, il se voit décerner la médaille d’or des Pilotes de Glaciers, la médaille d’Or des Vieilles Tiges et, en 1982, le certificat de capacité or de la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) en 1982.

Cette année-là, il se voit également attribuer la Fondation Divisionnaire F. K. Rünzi ainsi que le diplôme et la médaille du Mérite Alpin au Festival du film des Diablerets. Enfin il reçut le Grand Prix Humanitaire de France.

ÉPILOGUE

Réduire la figure de Fernand Martignoni à celle d’un brillant second d’Hermann Geiger serait profondément malhonnête.

En effet, s’il a bien été reconnu par « l’Aigle de Sion » pour ses qualités personnelles et professionnelles, il a, pour ainsi dire, su voler de ses propres ailes après son premier accident d’hélicoptère et sa mutation vers Air Glaciers.

Après le décès de son mentor, il a su poursuivre l’œuvre de ce dernier en restant fidèle à son esprit humaniste et humanitaire et à son exemple.

 


SOURCES

  • Jacques Thévoz (réalisateur), les Archives de la RTS, Fernand Martignoni. Mon père est formidable.

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