24/25 juillet 1928 – Le capitaine bernois Hans Wirth atterrit sur le Jungfraujoch sur roues et en redécolle sur skis


Aujourd’hui, Pilote de montagne (PDM) se focalise sur la figure d’un pionnier suisse de l’aviation de montagne dont les exploits, retentissants à la fin des années 1920, sont malheureusement très rapidement tombés dans l’oubli…

En effet, de l’aviateur Hans Wirth, on ne sait malheureusement pas grand-chose. Né à Berne en 1898 et décédé à Rorschach, dans le canton de Saint-Gall, le samedi 14 janvier 1933, il est pourtant considéré comme l’un des meilleurs pilotes sportifs de son époque. Capitaine des Troupes d’aviation suisses, il est aussi directeur de l’aérodrome de Saint-Gall-Altenrhein, au bord du lac de Constance.

Le mardi 24 juillet 1928, après avoir remporté le premier prix d’un tour d’Europe aérien, il réussit à se poser sur le Jungfraujoch (col de la Jungfrau [la pucelle])et à en redécoller aux commandes d’un monoplan Klemm de 19 CV seulement.

À force de recherches, nous avons déniché un court article relatant l’exploit dans le n° 371 de l’hebdomadaire français Les Ailes publié le vendredi 27 juillet 1928 (voir le document PDF en annexe) :

« LES AILES EN SUISSE

UNE PERFORMANCE DE WIRTH

Du correspondant des « Ailes » en Suisse.

Nos lecteurs se souviennent du pilote suisse Hans Wirth, qui accompli, il y a quelques mois, le raid Berne-Casablanca et retour à bord d’une avionnette (avion léger) Klemm-Daimler 19 CV, de même modèle que celle exposée au Salon de l’Aéronautique. Ce pilote vient à nouveau de faire parler de lui par une performance toute particulière, également exécutée sur l’avionnette Klemm-Daimler. Parti de Thoune, dans la matinée du 24 juillet, le capitaine Wirth atterrit sur le glacier du Jungfraujoch, dans les Alpes bernoises, à 3 410 mètres d’altitude.

Il en repartit le lendemain matin, bien que gêné par un fort vent arrière, et se posa sur l’aérodrome de Lausanne-Blécherette. Déjà intéressante en elle-même, cette performance l’est encore plus par les conditions spéciales dans lesquelles elle fut accomplie. De fait, Hans Wirth réussit à se poser sur le glacier du Jungfraujoch, alors même que son appareil n’avait subi dans ce but aucune modification et que le train d’atterrissage était par conséquent muni de roues. Pour s’envoler du même glacier, Wirth adapta à son train d’atterrissage une paire de skis. Cela facilita sans doute le décollage, mais rendit par contre difficile l’atterrissage sur le terrain de Lausanne. Voilà pour le moins une confirmation de la maîtrise des possibilités du Klemm-Daimler en particulier, et de l’avionnette en général, capable notamment de se poser sur des espaces réduits et dans des conditions très délicates.

O. S. »

Malheureusement, il ne semble pas exister de photo(s) de cet événement pourtant mémorable.

Le lundi 6 août 1928, Robert Lusser, pilote d’essai de la Leichtflugzeugbau Klemm GmbH, réitère l’exploit, mais aux commandes d’un Klemm à moteur Salmson de 40 CV. Il est à noter que, dans les deux cas, pour le redécollage dans la neige, les roues sont démontées et remplacées par des skis. Les deux avions quittent le sol et poursuivent leur vol sans encombre.

Wirth devient ensuite membre d’honneur de la Ligue internationale des aviateurs.

Malheureusement, à bord d’un ancien appareil militaire, il s’écrase avec son élève-pilote Max Bachmann depuis une hauteur de 150 mètres sur le terrain d’aviation qu’il dirige.

Bachmann meurt sur le coup et Wirth décède peu après à l’hôpital de Rorschach, le samedi 14 janvier 1933, laissant derrière lui une épouse avec qui il s’était marié trois ans plus tôt.

ÉPILOGUE

Disparu très tôt, Hans Wirth n’a pas eu le temps ni le goût de réitérer ses exploits montagnards.

L’intérêt des deux épisodes évoqués dans cet article est de confirmer que les pilotes de l’époque ne rechignent pas à atterrir sur roues sur les terrains enneigés. Seulement, dans les cas qui nous intéressent, les roues sont remplacées par des skis pour le décollage, procédure dont nous n’avions pas encore entendu parler, rendant cependant délicat l’atterrissage sur piste en dur…

Petit à petit se précise l’image d’une aviation de montagne cherchant un moyen d’évoluer sur neige avec des moyens appropriés.

Éléments recueillis par Bernard Amrhein


SOURCES

  • Les Ailes, Journal hedomadaire de la locomotion aérienne, n° 371 du 27 juillet 1928.

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