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    26 septembre 1988 – Jean-Marc Boivin réalise le premier vol en parapente depuis le sommet de l’Everest

    Le destin des véritables pionniers est souvent bref et émaillé d’un seul véritable exploit. D’autres, en revanche — mais ils sont très rares — passent sur cette terre comme des étoiles filantes tout en alignant un palmarès impressionnant. Il en est ainsi de Jean-Marc Boivin, un jeune Bourguignon trouvant dans diverses activités de montagne la plénitude d’une vie libre et pleinement accomplie. Il y a 33 ans aujourd’hui, il réussit le pari fou de s’élancer, en parapente, depuis le plus haut sommet du monde, le mont Everest, à 8 849 mètres d’altitude, pour atterrir 2 349 mètres plus bas, au Camp II, à 6 500 mètres d’altitude. Une performance qui, compte tenu des conditions de vol dans cet environnement, représente un concentré d’intrépidité et de maîtrise de son art…

    RÉSUMÉ

    Né le mercredi 6 avril 1951 à Dijon et décédé le samedi 17 février 1990, à 39 ans seulement, Jean-Marc Boivin est un alpiniste, un skieur de l’extrême, un parapentiste, un spéléologue et un ‘base-jumper’ français qui a réalisé plusieurs films ayant obtenu des récompenses. Il détient des records d’altitude en deltaplane et en parapente et a été, notamment, le premier à descendre l’Everest en parapente. Il a ouvert un nombre important de voies dans les Alpes et a réalisé des premières en descentes à ski. Également membre d’une équipe ayant établi un record en plongée sous glacier, Jean-Marc Boivin est un pionnier des sports extrêmes. Il meurt de ses blessures à la suite d’un saut en base-jump dans la zone du Salto Ángel, au Venezuela.

    JEUNESSE

    En 1975 Boivin et Patrick Vallençant ajoutent une finale directe à la voie Dufour-Fréhel, qui devient alors une classique. En 1978, Boivin parcourt en solo la voie Bonatti-Zappelli.

    Jean-Marc Boivin naît à Dijon en 1951. Il poursuit des études secondaires à Dijon, Belfort et Tournus et obtient son Baccalauréat de technicien en 1971. Entre 1972 et 1973, il étudie la mécanique à Sens. En travaillant à l’usine Peugeot de Dijon, il décide de vivre pour et par la montagne. Il commence tardivement l’escalade et le ski vers l’âge de 14 ans. Jeune, il s’entraîne à l’escalade sur la falaise de Cormot, dans le cirque du Bout du Monde, près de Nolay, mais aussi à Brochon, Fixin ou Saffres et skie dans le Jura. En 1972, il finit quatrième dans les Séries Nationales au ski. En 1973, il devient aspirant guide à l’École nationale de ski et d’alpinisme (ENSA) de Chamonix. La même année, il effectue son service militaire au 159e régiment d’infanterie alpine (RIA) à Briançon (05/Hautes-Alpes), au sein de la Section d’éclaireurs-skieurs (SES). À ce moment, Jean-Marc Boivin devient ce qu’il appelle « un aventurier professionnel ».

    RÉALISATIONS

    Alpinisme

    Boivin est un leader de l’alpinisme de son époque, entreprenant les ascensions en solo des voies les plus difficiles dans les Alpes durant les années 1970 : la goulotte Albinoni-Gabarrou sur le mont Blanc du Tacul en 1972, la voie Lagarde-Ségogne sur l’aiguille du Plan en 1976 et la BonattiZapelli sur le Grand Pilier d’Angle en 1978. En 1975, Boivin et Gabarr réalisent la première ascension en direct de la face nord des Droites et de l’aiguille Verte, suivi par le Supercouloir sur le mont Blanc du Tacul. Ils seront vus comme ʺthe young new wave of the momentʺ (« la jeune vague du moment ») dans la presse américaine. De fin 1982 à début 1983, à bord de la goélette Gauloise III, il participe à une expédition entre le fjord Exeter et le Paso del Vento, en Terre de Feu. Il réalise avec Jean-Louis Étienne, Dominique Marchal et Bernard Prud’homme la première traversée à ski du glacier Hiélo-Continental du vendredi 24 décembre 1982 au dimanche 2 janvier 1983. Avec Dominique Marchal, le jeudi 20 janvier 1983, il effectue la première ascension de la face sud du cap Horn. Le dimanche 31 juillet 1983, Boivin réussit l’ascension en solo de la face nord de l’Eiger en sept heures et demie, finissant l’ascension par la directissime Harlin. Les jeudi 18 et vendredi 19 août 1983, il ouvre Ballade au clair de lune avec Éric Bellin et Martial Maïoli dans la face sud de l’aiguille du Fou.

    Il est connu pour être un leader du concept d’enchaînement dans lequel des ascensions difficiles sont enchaînées avec des descentes souvent effectuées en hélicoptère, en parapente, à ski ou en deltaplane. Le vendredi 14 août 1981, avec Patrick Berhault, il enchaîne l’ascension de la face sud de l’aiguille du Fou et de la directe américaine sur la face ouest des Drus, en rejoignant en deltaplane biplace le rognon des Drus depuis le sommet de l’aiguille de Blaitière. Le mercredi 20 février 1985, il réalise la première ascension de la voie Bettembourg-Thivierge sur l’aiguille Verte, descendant le couloir Whymper à ski. Le jeudi 14 mars 1985, il escalade la voie Albinoni-Gabarrou sur le mont Blanc du Tacul, ensuite fait la descente de la face sud du mont Blanc du Tacul, puis escalade l’arête Kuffner au mont Maudit et fait la première descente à ski de la Kuffner en retournant en Italie par le couloir Androsace. Le lundi 17 mars 1986, utilisant des skis, un parapente et un deltaplane, il enchaîna en moins de 24 heures l’ascension de quatre faces nord (« les 4 Glorieuses ») dans le massif du Mont-Blanc, la première ascension solo de la voie Grassi dans l’aiguille Verte, la Cornuau-Davaille finissant par la voie Boivin-Gabarrou dans Les Droites, la voie suisse dans les Courtes et le linceul aux Grandes Jorasses. Il finit en volant 15 km jusqu’à la vallée de Chamonix après sa dernière ascension et arrivant à minuit trente.

    Ski

    Boivin réalise la première descente à ski de la face est du Cervin durant les années 1980.

    Boivin effectue plusieurs premières descentes à ski : l’éperon Frendo sur l’aiguille du Midi le samedi 2 juillet 1977, la face sud du Huascarán, la face nord du Nevado Pisco et le Quitaraju dans les Andes péruviennes en 1978, la face est du Cervin le vendredi 6 juin 1980, dans laquelle il skie des pentes à plus de 60 degrés (après quoi, il effectue en solo la voie Schmitt en 4 heures et 10 minutes), le couloir Y sur l’aiguille Verte le mardi 26 février 1985 ou encore la face du Nant Blanc sur l’aiguille Verte le lundi 12 juin 1989. Le vendredi 17 avril 1987, il enchaîne cinq descentes, la première descente de la face sud-est de l’aiguille du Moine, la première descente de la face sud de l’aiguille du Dru, le couloir Whymper de l’aiguille Verte, la face nord-est des Courtes, finissant avec la descente des Grandes Jorasses.

    Jean-Marc Boivin a fait des films de ses descentes en ski qui ont surpris et impressionné beaucoup de personnes. Marco Siffredi a déclaré qu’il avait été inspiré par Jean-Marc Boivin.

    Deltaplane, parachute et parapente

    Boivin réalise plusieurs records sur le mont Everest en 1988 : plus haut vol en parapente, première descente en parapente et plus rapide descente depuis le sommet.

    En 1979, Jean-Marc Boivin obtient un record d’altitude avec un deltaplane en partant du camp IV du K2 à 7 600 m d’altitude.

    En 1981, il réalise un record d’altitude avec Dominique Marchal avec un deltaplane à deux places depuis le sommet de l’Aconcagua, à 7 021 m d’altitude.

    Le 14 juillet 1985, il obtient un nouveau record de deltaplane en partant du sommet du Gasherbrum II (il atteint le sommet [8 035 m]) la semaine précédente, le 8 juillet et est remonté pour faire son saut).

    Le lundi 15 décembre 1986, en partant de 7 000 m, il bat le record du monde de saut de précision en altitude en parachute sur le Rita Cuba Norte, à 5 200 m d’altitude, dans la Sierra Nevada de Cocuy en Colombie, pour une publicité pour Dunlop.

    Le lundi 26 septembre 1988, après avoir effectué l’ascension par la crête sud-est, Boivin réalise la première descente en parapente du mont Everest, ce qui constitue le record de la descente la plus rapide de la montagne et le plus haut vol en parapente. Boivin déclare : « J’étais fatigué quand j’ai atteint le sommet et courir à cette altitude était difficile ». Boivin a couru 20 mètres en-dessous du sommet sur une pente à 40 degrés pour lancer son parapente. Il atteint le camp II à 6 500 mètres d’altitude en seulement 11 ou 12 minutes.

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    Le jeudi 14 avril 1988, il parcourt une distance record de 31,5 km du mont Maudit au massif du Mont-Blanc arrivant à Orsières en ayant volé au-dessus de l’aiguille Verte, l’aiguille du Tour et la pointe d’Orny.

    Spéléologie

    Les jeudi 6 et vendredi 7 novembre 1986, Boivin réalise un record de profondeur sous un glacier avec une équipe de spéléologues. Ensemble, ils plongent à une profondeur de 117 mètres sous la Mer de Glace dans leur exploration du Grand Moulin de la Mer de Glace. Du lundi 21 août au mardi 19 septembre 1989, lors d’une exploration sous des glaciers du Groenland, il atteint la profondeur de 123 mètres.

    DÉCÈS

    Salto Angel où Jean-Marc Boivin décède en 1990

    Le vendredi 16 février 1990, suivi par une équipe de télévision filmant pour l’émission Ushuaïa, le magazine de l’extrême, Jean-Marc Boivin réussit un saut de près de 1 000 mètres de haut en base-jump depuis la cascade du Salto Ángel, la plus haute chute d’eau du monde, sur l’Auyan Tepuy (la montagne du Diable) au Venezuela.

    Le lendemain, il décide de réitérer l’exploit depuis le sommet de la chute proprement dite, à 979 mètres. Or, une femme, Catherine, qui avait sauté juste avant lui s’étant blessée à l’issue de sa chute, Jean-Marc Boivin saute juste après afin de lui porter secours. Mais, à la fin du saut, il entra en collision avec un arbre.

    À l’équipe venue lui porter secours en hélicoptère, il indiqua d’aller d’abord secourir la personne qui avait sauté avant lui. Lorsque l’équipe revint auprès de lui, il était décédé d’une hémorragie interne, à l’âge de 38 ans. Il est le premier Français décédé en base jump.

    BIBLIOGRAPHIE

    • L’Aventure jusqu’au bout.
    • L’abominable homme des glaces, 1983.
    • Trois défis au Cervin, 1981.

    FILMOFRAPHIE

    • Glace Extrême, 1977, 36 min, producteur et réalisateur, prix Mario Belo au festival international du film de montagne de Trento.
    • Au Vent des cimes, 1978, 36 min, producteur et réalisateur.
    • Aventure au Cervin, 1980, 56 min, réalisateur, produit par la Société Française de Production et Antenne 2, grand prix du festival international de film de montagne de San Sebastien et du festival International du Film de Montagne de Trento, Prix du festival du film de montagne à à Cortina d’Ampezzo (en 1981, les trois). Prix du Meilleur film de montagne au festival de Tourcoing, 1983.
    • Aventure à l’Aconcagua, 1981, 56 min (coréalisateur). Produit par the Société Française de Production and Antenne 2
    • Aratitiyopé, 1984, 26 min (coréalisateur). Produit par Antenne 2 aet Riviera Films. Prix Feuille de Hêtre au Festival International du Film de Montagne à San Sebastian, 1985.
    • L’Oiseau Rare, 1985, 26 min (coscénariste). Produit par Antenne 2 et MC4
    • Descente, 1987, 26 min (coscénariste avec Jean Afanasieff). Produit par FR3 Rhône-Alpes et MC4
    • Vents Contraires, 1988 (scénariste et réalisateur). Produit par TF1, FR3 Rhône-Alpes et MC4.

    AU SUJET DE JEAN-MARC BOIVIN

    • Everest 88, 1988 (dirigé par Jean Afanasieff). Produit par FR3.
    • Inlandsis, 1989, 26 min. Prix « Ville de Paris » au festival de l’Aventure de Paris, 1990.
    • Jean-Marc Boivin : Extrêmement vôtre, 2007, 52 min (dirigé par Gilles Chappaz). Produit par Seven Doc et FR3 Bourgogne Franche-Comté.

    RÉCOMPENSE

    • International Award for Valour in Sport décerné à Londres le 5 février 1980.

    Ce prix récompense le sportif le plus courageux de l’année. Il a été attribué à Jean-Marc Boivin pour son envol en deltaplane depuis le K2 (à 7 600 m d’altitude).

    COMMÉMORATIONS

    • Lycée Jean-Marc Boivin à Chevigny-Saint-Sauveur, ouvert le 5 octobre 1990.
    • Complexe Sportif Jean-Marc Boivin à Nolay.
    • Salle Jean-Marc Boivin au Club alpin français à Dijon.
    • Chemin Jean-Marc Boivin à Nolay (45 km de long et 1 500 m de dénivelé).
    • Gymnase Jean-Marc Boivin à Dijon.
    • Le Prix Jean-Marc Boivin au Festival du film d’aventure de Dijon. Cette récompense annuelle, présenté par sa veuve Françoise Boivin, est donné pour l’authenticité d’une aventure.

    ÉPILOGUE

    Fidèle à sa ligne de conduite et à sa propre définition de l’aviation de montagne, Pilote de montagne (PDM) met en relief un exploit emblématique quelque peu oublié.

    Il faut véritablement du courage pour s’élancer depuis le toit du monde et pour affronter des conditions météorologiques (et, surtout, une aérologie tourmentée) très aléatoires. Grandes sont les chances de ne pas parvenir à ses fins.

    Disparu à l’âge de 39 ans, Jean-Marc Boivin sera allé au bout de son destin en se montrant généreux, jusqu’au dernier souffle. Un bel exemple pour toute notre communauté.

    Éléments recueillis par Bernard Amrhein

     


    SOURCES

    • Jean-Marc BOIVIN – Guide de haute-montagne, moniteur national de ski, alpiniste, himalayiste, delta-planiste, parapentiste, parachutiste, conférencier, conseiller technique, réalisateur de films (06/04/1951 – 17/02/1990).

    PdM
    PdM
    Pilote de montagne (PDM) est une association à but non lucratif accueillant tous les amoureux de l’aviation en général, et du vol en montagne en particulier.

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