Pilote de montagne (PDM) traite souvent de sujets ayant relatifs à l’aérodrome de Sion (Canton du Valais/Suisse) et de sa figure emblématique, à savoir Hermann Geiger, le « Pilote des glaciers ». Aujourd’hui, nous vous présentons une vidéo assez exceptionnelle, tournée par la Radio Télévision Suisse (RTS) à l’occasion de l’arrivée officielle d’un nouvel avion sur cette base…
LA CÉRÉMONIE SUR L’AÉRODROME DE SION
L’événement se déroulant le lundi 27 février 1960, la RTS se charge du reportage. Cependant, les images, certainement diffusées rapidement, sont muettes, le commentaire ayant pu être fait en direct depuis une cabine lors de leur diffusion à l’antenne… À moins que la bande son ait été détériorée.
Hermann Geiger étant très croyant et très pratiquant, il lui paraît tout naturel d’accompagner les discours officiels d’une bénédiction du nouvel appareil, comme on l’aurait fait, à cette époque, pour un camion des pompiers, par exemple. Les invités de marque sont le conseiller fédéral vaudois Paul Chaudet pour la partie civile, et Monseigneur Nestor Adam, évêque de Sion, pour les autorités ecclésiales.
LE PILATUS PC-6 ‘PORTER’
Cet avion, c’est un Pilatus PC-6 ‘Porter’, c’est-à-dire un appareil conçu pour grimper à haute altitude en un temps record.
Selon Wikipedia, « le Pilatus PC-6 Porter est un avion utilitaire monomoteur à décollage et atterrissage court (ADAC) à ailes hautes conçu par l’avionneur suisse Pilatus Aircraft. Produit soit avec un moteur à pistons (Porter), soit avec un turbopropulseur (Turbo-Porter), il a effectué son premier vol en 1959 et a été fabriqué sous licence par Fairchild Hiller aux États-Unis. 598 appareils ont été construits en un peu plus de six décennies. Bien que Pilatus avait annoncé la fin de sa production en 2019, une nouvelle commande de cinq appareils est signée en novembre 2020 ».
SYNOPSIS DE L’ÉVÉNEMENT
Après un court plan général sur les avions stationnés sur le parking de l’aérodrome, le reportage se focalise immédiatement sur la bénédiction du Pilatus PC-6 ‘Porter’. Juché sur une passerelle, Monseigneur Adam bénit l’avant de l’appareil avec son goupillon devant une foule relativement nombreuse.
Le reportage passe ensuite à la présentation du nouvel appareil à sa sortie du hangar. Après un gros plan sur le nez de l’avion et une courte scène de recomplètement carburant, la caméra montre le système de ski amovible monté sur la roulette de queue ainsi que l’intérieur de la cabine.
Pour bien marquer le coup, Hermann Geiger organise un vol inaugural au-dessus des massifs montagneux valaisans ainsi qu’un atterrissage sur glacier. Après un plan sur la cohorte des officiels et le brassage du moteur, l’on voit les invités de marque monter dans l’appareil, le conseiller fédéral Chaudet s’asseyant en place droite dans le cockpit, son chapeau toujours vissé sur la tête, même pendant le décollage.
Le vol s’effectue en compagnie de deux autres appareils, dont l’un filme le Pilatus depuis les airs. Après un gros plan sur Hermann Geiger, de dos, on passe à un gros plan sur le conseiller fédéral, de dos lui aussi, toujours chapeau rivé sur la tête… qui admire un magnifique panorama de montagnes enneigées. L’avion se pose enfin sur une plateforme couverte d’une neige aussi fraîche que profonde…
EN TENUE DE VILLE SUR UN GLACIER
Malheureusement, la nouvelle technique mise au point par « l’Aigle de Sion » impose de retourner l’avion dans la pente pour faciliter le décollage. On peut donc visionner une séquence assez cocasse où un conseiller fédéral helvétique, en tenue de ville et chaussures basses « aide » les autres passagers à tirer sur une corde sur un glacier et dans la neige.
Vidéo : https://www.rts.ch/archives/tv/divers/3454966-le-nouveau-pilatus-pc6.html
ÉPILOGUE
Le reportage de la RTS est bien dans l’air du temps car il lie bien traditionalisme et modernité. L’aviation de montagne est alors en plein essor tandis que Vatican II n’a pas encore ouvert la voie à une déchristianisation galopante. À cette époque, autorités civiles et ecclésiales font encore bon ménage…
Au avant-postes, on trouve toujours et encore la stature imposante et emblématique d’Hermann Geiger, le personnage principal de ‘S.O.S Gletscherpilot’, qui sait associer une grande figure de la vie politique helvétique à un événement somme toute local, à la rigueur régional.
Enfin, on sent bien que les responsables politiques de l’époque ont beaucoup de mal à quitter leur costume, leurs chaussures basses, leur manteau, leur chapeau… et leur canne, pour se glisser dans une tenue plus adaptée à la situation. Rappelons-nous le roi d’Espagne Juan Carlos Ier, inspectant les plages souillées de Galice en tenue de ville après le naufrage du pétrolier ‘Prestige’, ou le président de la République française François Hollande arpentant les rues de Saint-Béat (31/Haute-Garonne) contraint de grimper dans la cabine d’un camion Renault TRM 2000 pour ne pas sombrer dans les coulées de boue… Aucune intelligence de la situation.
Éléments recueillis par Bernard Amrhein
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