7 août 1919 – Le captain Ernest Charles Hoy franchit les montagnes rocheuses canadiennes


Le jeudi 7 août 1919, le Captain Ernest Charles Hoy, titulaire de la Distinguished Flying Cross (DFC), un pilote de chasse de la première guerre mondiale crédité de 13 victoires aériennes, devient le premier aviateur à franchir les montagnes Rocheuses canadiennes par les airs en partant de Richmond, en Colombie britannique, pour rallier Calgary, en Alberta, en transportant pour l’occasion du courrier pour le Post Office Department.

JEUNESSE ET CARRIÈRE MILITAIRE

Ernest Charles Hoy naît le lundi 6 mai 1895 à Dauphin, dans le Manitoba (Canada). On ne connaît rien de sa jeunesse…

Tandis que la guerre fait rage en Europe, il est incorporé au 93e Régiment de la milice canadienne puis il s’engage, le mercredi 3 mars 1915, comme simple soldat, au sein du 102nd Battalion de la Canadian Expeditionary Force (CEF). Son unité débarque en France le samedi 12 août 1916 et combat au sein de la 11th Infantry Brigade, de la 4rh Canadian Division. Il est ensuite transféré au 3rd Pioneer Battalion du Canadian Engineers. Après avoir contracté une maladie grave, le soldat Hoy est envoyé en convalescence en Angleterre. C’est à cette époque qu’il se porte volontaire pour rejoindre le Royal Flying Corps (RFC).Une fois breveté pilote, il est affecté au No. 29 Squadron.

Entre le lundi 12 août et le mardi 27 septembre 1918, le Lieutenant Hoy abat 13 appareils ennemis (dont deux ballons d’observation) aux commandes de son chasseur Royal Aircraft Factory S.E 5a. Après sa quatrième victoire, il est proposé pour la Distinguished Flying Cross (DFC). Rapportée par The London Gazette, sa citation est la suivante :

« Lieut. (A/Capt.) Ernest Charles Hoy (France)

Aviateur audacieux et talentueux qui a détruit quatre machines ennemies et descendu un ballon en flammes, montrant en toute occasion un esprit combattif déterminé, sans tenir compte des chances adverses. »

—The London Gazette, 3 décembre 1918, supplément 31046, page 14322, colonne 2.

Le jeudi 26 septembre 1918, le Captain Hoy est à son tour abattu par un pilote ennemi, puis est retenu prisonnier par les Allemands jusqu’à l’Armistice.

LE ʺCANUCKʺ

L’appareil piloté par Hoy est un biplan monomoteur deux places de la marque Canadian Aeroplanes Ltd. JN-4 “Canuck”, un dérivé du Curtiss Aeroplane and Motor Company JN-3 “Jenny” répondant aux spécifications du Royal Flying Corps (RFC). Le ʺCanuckʺ est équipé d’ailerons sur les ailes supérieures et inférieures, ce qui lui confère un meilleur roulis qu’au Curtiss JN-4 original. Les dimensions de l’appareil sont les suivantes :

Longueur : 8,293 m (27 ft and 2 ½ inches)

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Envergure de l’aile supérieure : 13,294 m (43 ft and 7-3/8 inches)

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Envergure de l’aile inférieure : 10,566 m (34 ft and 8 inches)

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Hauteur : 3,023 m (9ft and 11 inches)

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Poids total à vide : 630 kg (1,390 pounds)

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Poids total : 875 kg (1,930 pounds)

Le ʺCanuckʺ est animé par un moteur V-8 de la Curtiss Aeroplane and Motor Company OX-5 90°, à refroidissement à eau, d’une cylindrée de 8,237 litres (502.655 cubic inches) à aspiration normale, avec un ratio de 4.9 :1. Il s’agit d’un moteur développant 90 CV à 1 400 tours/minute et activant une hélice à deux pales à pas unique. Le moteur OX-5 mesure 1,442 m (4 feet and 8.75 inches) de long, 0, 76 m (3 feet and 0.75 inches) de large et 0,932 m de haut ; Il pèse 177 kg (390 pounds).

Le ʺCanuckʺ développe une vitesse de croisière de 97 km (60 miles) par heure, une vitesse maximale de 119 km (74 miles) par heure et peut atteindre un plafond de 3 353 m (11,000 feet). Un appareil standard possède une autonomie de 249 km (155 miles), mais le Captain Hoy dispose d’un réservoir additionnel d’une capacité de 45 litres (12 gallon) installé dans le cockpit avant.

LES COULISSES DE L’EXPLOIT

Deux journaux canadiens acceptant d’offrir un prix au premier aviateur capable d’effectuer la traversée des montagnes Rocheuses canadiennes. Pour sa part, le Captain Hoy est sponsorisé par l’Aerial League of Canada, qui acquiert l’appareil. La légende dit que Hoy a finalement été sélectionné en gagnant à pile ou face contre un autre pilote.

Le Captain Hoy décolle du Minoru Park de Richmond à 16 h 13, embarquant 45 lettres spécialement estampillées pour l’occasion ainsi que plusieurs éditions spéciales du Vancouver Daily World. Il effectue une première halte à Vernon (Colombie britannique) après trois heures de vol, en ayant déjà consommé 23 gallon d’essence et un gallon d’huile et après être monté à 6 200 ft d’altitude.

Redécollant de Vernon, il survole Kelowna et rallie Grand Forks, où il atterrit un peu plus de six heures après. « Il remit son premier courrier aéropostal à Grand Forks, dont des plis destinés au maire et des paquets destinés aux commerçants » rapporte le Herald. La halte est mise à profit pour refaire les pleins.

Les haltes suivantes ont lieu à Cranbrook, à Lethbridge puis il atterrit, finalement, dans le Bowness Park de Calgary à 20 h 55. D’une longueur de 1 400 km (870 miles), le vol aura duré moins de 17 heures (16 heures et 42 minutes). Le lendemain, plusieurs centaines de personnes se rassemblent au Palliser Hotel afin de célébrer cet exploit.

L’IMPOSSIBLE RETOUR

Ernest Charles Hoy décide d’organiser le vol retour Calgary-Vancouver le lundi 11 août 1919, c’est-à-dire quatre jours après son exploit.

Comme le lui a demandé le Groupe des auxiliaires féminines candiennes, qui a payé 300 $ pour l’accueillir, il atterrit à Golden mais s’écrase au redécollage. Le pilote s’en sort indemne et l’épave de l’avion est convoyés à Vancouver.

LA VIE D’APRÈS

Le mercredi 12 juillet 1922, le Captain Hoy épouse Marjorie Day à Vancouver. Le couple émigre aux États-Unis d’Amérique en 1924 et s’installe à Newark, dans le New Jersey. Deux enfants naissent de cette union : Ross Kitchener, né en 1926, et Jan Elisabeth, née en 1930.

Ernest Charles Hoy est naturalisé citoyen américain le jeudi 6 juillet 1939 et travaille comme sous-directeur d’une compagnie d’assurance.

Il décède à Toccoa, en Géorgie, le jeudi 22 avril 1982, très peu de temps après son 87e anniversaire.

ÉPILOGUE

J’ai rédigé cet article au courant de l’hiver 2021-2022, mais l’ai toujours trouvé incomplet. Jusqu’à la veille de la publication de ce récit, la carrière aéronautique d’Ernest Charles Hoy me semblait s’être arrêtée brusquement après le vol réussi Vancouver-Calgary. Ce n’est que par hasard, en cherchant à affiner la légende d’une photo, que j’ai découvert le pot aux roses.

En effet, un pionnier couvert de lauriers a plutôt tendance à poursuivre sur sa lancée mais, certainement, le crash de Golden aura-t-il refroidi les ardeurs de notre héros.

De cette aventure, il reste qu’Ernest Charles Hoy aura défriché une nouvelle route aérienne et aéropostale en Amérique du Nord, à travers les montagnes Rocheuses canadiennes. Cependant, la route est encore longue pour que se développe une véritable aviation en montagne sur ce continent.

Éléments recueillis par Bernard Amrhein


SOURCES

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