Novembre 1941 – Un B-17C s’écrase au TELLS PEAK (Californie)


Encore un crash d’avion militaire américain et, qui plus est, en novembre 1941 me direz-vous… Même si on ne sait pas grand-chose des circonstances de l’accident lui-même, la conservation des épaves de ce type pose la question, du moins aux États-Unis d’Amérique, de la conservation des épaves historiques du même genre. En témoigne l’article ci-dessous, posté par « Tim » sur le site Internet http://www.n6cc.com à l’adresse http://www.n6cc.com/the-tells-peak-b-17c-wreckage/ le 25 décembre 2010 et mis à jour le 17 janvier 2017 (22 commentaires)…

« LE SITE DU CRASH D’UN B-17C DE TELLS PEAK

Ceci est l’histoire d’une mission d’un bombardier B-17C qui s’est écraséé dans les montagnes de la Sierra Nevada, en Californie, en novembre 1941, c’est-à-dire un mois avant l’attaque [aérienne japonaise] sur Pearl Harbour. L’appareil s’est brisé en vol lors d’une violente tempête hivernale en raison de problèmes de moteur (moteur n° 3, voir la photo de la nacelle ci-dessous) qui, malheureusement, était la seule source d’alimentation des instruments IFR des pilotes. Ils effectuaient une mission de convoyage entre Reno (Nevada) et Sacramento (Californie) pour faire changer ledit moteur. Voir un court article publié sur le site www.check-six.com.

L’ÉPAVE DU BOMBARDIER B-17C N6CC DU TELLS PEAK

Après avoir Visionné l’histoire de cette épave de B-17C sur le canal Discovery (Broken Wings/Ailes brisées), je me suis mis à sa recherche. Plusieurs semaines de recherche n’ont fourni aucun indice ; heureusement, le dossier de son emplacement exact avait été soigneusement classé par l’U.S.A.F., l’U.S. Forest Service, l’U.S.G.S. [Institut d’études géologiques des États-Unis d’Amérique] et d’autres agences. Une enquête menée auprès du Service forestier des États-Unis d’Amérique rappelle pourquoi : ʺIl s’agit d’un lieu historique national protégé, mais son emplacement ne peut être divulgué. Il a été vandalisé. Vous pouvez le visiter si vous le trouvez, mais vous serez seul. La zone est sous surveillanceʺ. Nous avons visité le site en mai 2005, alors que la dernière neige d’hiver fondait.

L’émission ‘Broken Wings’, sur la chaîne Discovery, a permis à l’un des survivants de visiter le site avec une équipe de tournage. Il a décrit l’incident en détail. Il a déclaré que l’ordre d’évacuation une fois donné, la plupart des membres d’équipage se sont dirigés vers la porte d’accès équipage, qui se situe à l’arrière de l’appareil, entre le support de la mitrailleuse de droite et le stabilisateur horizontal. En raison des contraintes sur la structure de la rotation, ils ne pouvaient pas ouvrir la porte coincée, même s’ils ont frappé à plusieurs reprises. Dans l’avion en rotation, les forces centrifuges (et le temps) limitaient leurs options de déplacement. Alors qu’ils réalisaient ce qui les attendait, la queue entière s’est soudainement détachée, offrant une large ouverture pour leur permettre de sortir. La faiblesse de conception du B-17C dans cette section étroite de la queue leur a finalement sauvé la vie. Le caméraman a filmé la porte de l’équipage, toujours coincée – montrant que les bosses avaient été frappées. Cette zone du fuselage a été considérablement renforcée et agrandie dans le modèle B-17 « classique ». Ces faits expliquent en partie l’importance historique de cet appareil.

L’INSIGNE NATIONAL D’AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE SUR LE B-17C DU TELLS PEAK

La peinture de l’insigne national est toujours en bon état après toutes ces années. À l’époque d’avant l’attaque sur Pearl Harbour, l’insigne national était composé d’un disque rouge à l’intérieur de l’étoile [blanche], comme on le voit ci-dessous. Le disque rouge a été rapidement remplacé par l’étoile blanche à l’intérieur d’un champ bleu, afin de ne confondre personne avec le rond rouge du soleil du Japon. (non, il n’est pas accroupi sur l’aileron; celui-ci a en grande partie disparu).

Malheureusement, ce site a été vandalisé par un ou plusieurs crétins qui ont utilisé une scie électrique pour enlever plusieurs gros morceaux de la structure de l’aile. Une enquête criminelle fédérale est toujours en cours et le Service des forêts aimerait avoir de l’aide pour identifier les sacs d’ordures. La zone est sous surveillance. Il serait simple de placer plusieurs caméras du type ‘Go Pro’ à déclenchement automatique dans cette zone ainsi que sur les départs de sentier afin d’enregistrer toutes les activités, j’espère qu’on l’a fait. Souriez, [vous êtes filmé] !

L’AFFICHETTE DE SENSIBILISATION DES RANDONNEURS

La photo ci-dessous représente une partie de la structure de l’aile. Celle-ci est en très bon état, bien que 76 ans d’accumulation de neige épaisse aient partiellement écrasé les zones extérieures. Les zones rivetées sont intactes et semblent comme « neuves » la peinture au chromate de zinc est toujours en bon état. Il est très intéressant de voir les techniques de construction utilisées en 1941. Cette zone particulière est l’endroit où se trouvait le réservoir de carburant n° 3 – voir les deux supports incurvés. Seules certaines pièces sensibles sont en acier, tout le reste est en aluminium. Sur la droite de la photo, on peut distinguer qu’une pièce de la structure a été coupée avec une scie. Pourquoi ? Quelqu’un reconstruit-il un B-17 ?

J’ai retrouvé quelques informations perdues depuis longtemps et en ai déduit un emplacement pour commencer à chercher. Après un certain temps dans la zone générale que j’avais sélectionnée à l’ouest du lac Tahoe, Eureka! Nous l’avons trouvé. Maintenant, l’image devient plus claire. Le crash a été causé par plusieurs défauts de conception fondamentaux du B-17C, notamment une puissance de vol aux instruments non redondante et un fuselage non renforcé. À la suite de cet accident important, Boeing a modifié la conception pour devenir le célèbre B-17D et les modèles ultérieurs qui ont aidé à gagner la Seconde Guerre mondiale.

Cette photo montre la nacelle du moteur n° 3 (à côté du copilote) sur l’aile droite. L’aile est à l’envers vous regardez donc l’ouverture oblongue dans laquelle la roue droite se serait rétractée. Cette zone a apparemment été écrasée par un arbre qui est tombé dessus au cours des dernière années 1970. Vous pouvez voir le tube en acier rouillé du support moteur – les moteurs et les suralimentateurs ont été retirés peu après Le crash. Vous pouvez également clairement voir le tuyau d’échappement en acier rouillé acheminant le gaz à haute pression vers le compresseur.

LE B-17C DU TELLS PEAK

Ci-dessus : la structure d’admission d’air pour le travail de la gaine du carburateur du moteur n° 3 et du compresseur d’air auxiliaire est en assez bon état compte tenu de l’accident. Notez la présence du gousset de la plaque de raccordement au longeron de l’aile principale en acier. Notez également les panneaux ondulés sous le revêtement extérieur. Cela rajoute beaucoup de force de raidissement à la structure de l’aile. Ce dispositif convertit les contraintes de flexion en forces de compression et de tension.

ʺIl est facile de construire un aéronef solide. Il est très difficile de construire un aéronef assez costaud.ʺ Vieil adage de conception aéronautique. La preuve de ce truisme se manifeste partout dans cette structure. Il faut certainement être ingénieur pour l’apprécier… Désolé!

L’épave est en très bon état. L’insigne d’étoile d’avant-guerre est clairement visible à l’extrémité extérieure de l’aile. L’aile a apparemment heurté le sol au niveau de l’emplanture et a été redressée à la verticale par les arbres. Elle est finalement remise à l’horizontale, probablement par l’équipage de l’AAF intervenant pour retirer les moteurs.

Il s’agit d’une forêt très rugueuse, épaisse et isolée. Le parachutage au-dessus de celle-ci pendant une tempête de neige a dû être assez effrayant et la manière de laquelle les membres d’équipage survivants ont pu être localisés et pris en charge doit avoir été une histoire intéressante en soi. Ils se sont sans doute accrochés dans les arbres. Je me demande aussi comment l’AAF a retiré les moteurs et d’autres équipements clés de cet endroit. Il n’existe aucune route à proximité permettant à un camion de s’approcher. Surtout en 1941. Je suppose qu’ils ont utilisé des chevaux et des patins pour faire sortir les moteurs – un long chemin.

Maintenant, je comprends mieux l’importance historique de ce site et ne révélerai pas son emplacement -s’il vous plaît ne le demandez pas. La recherche nécessaire pour le localiser fait partie du ʺvoyageʺ et en vaut la peine.

Ci-dessous : notez le marquage Grade 8 sur les têtes de boulons ainsi que les écrous multipans bloqué par des goupilles fendues.

TELLS PEAK VISITORS LOG

Les graffitis des visiteurs sur le site de l’accident. Apparemment, le crayon accroche bien l’aluminium. Dates de 1944 et du début des années 1950. Nous n’y avons certainement pas apposé notre signature. Compte tenu du nombre de personnes qui ont visité le site, il est (était) remarquablement bien préservé – sauf pour ce qui est du vol et du vandalisme évidents ces derniers temps.

Le First Lieutenant Leo Walker, le pilote, a sacrifié sa vie en se battant pour maîtriser l’avion endommagé après avoir ordonné à son équipage de se tirer d’affaire, ce qui lui a permis de gagner du temps. En souvenir de lui, cet appareil et sa place dans l’histoire devraient demeurer paisibles et intacts dans la nature sauvage.

Si vous visitez le site, veuillez ne pas en publier les coordonnées.

L’intégrité personnelle et le respect sont des concepts qui périclitent de nos jours. ʺTout tourne autour de MOIʺ

Affaire à suivre, restez à l’affût. L’opération suivante consiste à localiser l’épave d’un avion bimoteur C-45 qui n’a pas réussi à éviter le sommet du Mount Diablo près d’ici. Il est resté là pendant de nombreuses années et a été fréquemment signalé par les pilotes locaux comme un nouveau site possible de crash. L’U.S. Army (et l’U.S.A.F. plus tard) a apparemment décidé que ces rapports devenaient gênants. Alors ils ont remonté un tas de dynamite et ont fait exploser l’épave en petits débris – qui sont toujours là. Pas très écologique – pouvez-vous imaginer mettre aujourd’hui cette solution sur la table ??? Apportez du répulsif à tiques….

Nous planifions également une expédition vers le C-46 Commando qui s’est écrasé dans les montagnes à l’ouest du lac Tahoe, à proximité de Blue Canyon, près de la route 80 en Californie. Nous n’avons que l’indication d’une zone très vague et il faut entreprendre, d’abord, de nombreuses recherches. La Californie est jonchée de centaines de sites de crash et il y en a des dizaines à moins de deux heures de route d’ici. »

ÉPILOGUE

Cet article met en relief un aspect particulier des crashes aériens, à savoir le souci de préserver le patrimoine historique représenté par les épaves jonchant le territoire national américain.

Depuis sa création le mercredi 2020, Pilote de montagne (PDM) rappelle le souvenir des nombreuses catastrophes aériennes survenues, en temps de guerre comme en temps de paix, dans différents massifs montagneux. En Europe, aucun état d’âme, les carcasses sont généralement dépouillées de leurs équipements sensibles, généralement ceux pouvant être étudiés et copiés par des adversaires (ou des concurrents industriels) potentiels, puis abandonnées à leur sort. Qu’elles restent sur place ou qu’elles finissent de dévaler un glacier, ces carcasses ou ce qu’il en reste est la proie de collectionneurs, parfois d’amateurs qui les transforment en œuvres d’art ou les exposent à proximité.

Ainsi, la plupart des épaves abandonnées à leur triste sort disparaissent progressivement et ne reste, dans le meilleur des cas, que les photos prises par certains sauveteurs juste après le crash…

Traduit de l’américain par Bernard Amrhein


SOURCE

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