Après avoir établi plusieurs records de vol calé (c’est-à-dire moteur coupé) en Algérie, le pilote Joseph Thoret s’établit dans les Alpes, où il se signale par sa maîtrise des courants aérologiques, au point de gagner le surnom de « Thoret mon Blanc » et de « Thoret Tempête ». Ce n’est qu’au début des années 1930 qu’il tente la traversée du massif et que l’idée lui vient d’honorer la mémoire de Jorge Chávez Dartnell sur le lieu du crash de ce dernier, le 23 septembre 1910. Pilote de montagne (PDM) raconte…
LA TRAVERSÉE DES ALPES
En 1932, Joseph Thoret transfère l’École des remous à Challes-les-Eaux et se consacre presque uniquement à la prospection du massif du Mont-Blanc.
En 1935, il tente à nouveau la traversée des Alpes sur un appareil encore plus léger qu’en 1926, une avionnette biplace SFAN-1 à moteur Poinsard de 25 CV, un motoplaneur très moderne pour l’époque.
Le lundi 12 août 1935, il effectue un vol Paris/Le-Bouget via Auxerre, Lons-le-Saulnier et Challes-les-eaux. Le mercredi 13, de Challes-les-Eaux vers Aiguebelle, le mont-Cenis et Turin. Le jeudi 14, vol Turin-Challes, puis retour sur Paris en deux jours.
L’HOMMAGE À CHAVEZ
En automne, Thoret commémore les 25 ans du vol de Géo Chavez, en 1910. Le samedi 28 septembre 1935, départ du Bourget de deux appareils (en compagnie de l’ingénieur Blazy) avec escales à Genève, Sion, Brigue, en Suisse.
Dans les gorges de Gondo, il monte à 2 700 mètres d’altitude, où il est fort secoué, alors que son moteur est deux fois plus faible que celui de Chávez, et il lui faut une heure et 20 minutes depuis Sion pour atteindre Domodossola, en Italie, où il se pose sur une prairie appelée ‘Siberia’, à côté du monument dédié à Chávez.
En novembre, Thoret vole de Paris à Nice en six jours, donnant des conférences dans les aéroclubs pendant les escales.
ÉPILOGUE
Le geste de Joseph Thoret est certes anecdotique et il est très largement oublié de nos jours.
Cependant, il est assez emblématique à m’époque car, 14 ans après l’exploit de Chávez, les aviateurs courageux peuvent traverser les Alpes sans problème.
Mais l’aventure s’écrit beaucoup plus loin, sur un autre continent, en Amérique du Sud, où d’autres aventuriers s’attaquent aux Andes au quotidien, pour y établir des lignes aéropostales et commerciales…
Éléments recueillis par Bernard Amrhein
SOURCE
No Comment