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    29 SEPTEMBRE 1919 – L’AMÉRICAIN WILLIAM KNOX MARTIN SÈME LA PANIQUE DANS LE CIEL DE BOGOTÁ (COLOMBIE)

    Après la Première Guerre mondiale, les aviateurs, militaires et civils, sont pris d’une frénésie de records. En l’espèce, il s’agit surtout de voler plus loin, plus haut et plus longtemps. En montagne, il n’est pas encore question de se poser sur terrain accidenté, même si le lieutenant suisse Robert Ackerman se pose sur glacier et sur roues au col de Jungfraujoch le dimanche 17 août 1917. En Amérique du Sud, comme partout ailleurs, il s’agit essentiellement de s’affranchir des obstacles et de commencer à trouver une utilité civile à l’aviation, comme le fait le vétéran américain William Knox Martin…

    RÉSUMÉ

    Né à Salem (État de Virginie/États-Unis d’Amérique) en 1894, William Knox Martin se fait tout d’abord connaître au Venezuela, en Chine et au Japon puis sert dans la Royal Canadian Air Force (RCAF) avant de se rendre en Colombie.

    UNE JEUNESSE MOUVEMENTÉE

    Avant de se lancer dans l’aviation en montagne, le héros de notre histoire a vécu des aventures aériennes trépidantes…

    Un pionnier de l’aviation au Venezuela

    Très jeune, William Knox Martin se convainc que l’aviation est appelée à niveler les barrières physiques, tout particulièrement en Amérique du Sud.

    En 1913, alors âgé de seulement 19 ans, bien déterminé à conquérir la jungle par les airs, il se joint à une expédition organisée le long du fleuve Orinoco (Orénoque), au Venezuela. Il franchit la coupure aux commandes d’un avion Curtiss JN (‘Jenny’) doté d’un moteur Rosenberger de 60 CV, mais l’hostilité des Indiens et de la faune sauvage locale conduisent rapidement à l’abandon de l’exploration.

    Pendant les années suivantes, il se taille une solide réputation de pilote sans peur, ce qui lui vaut le surnom d’El Intrepido, aussi donné en Amérique latine à plusieurs autres aviateurs tout aussi téméraires.

    L’épisode mexicain

    En 1915, William Knox Martin est engagé par Francisco ‘Pancho’ Villa et le général Emiliano Zapata, dit ‘El Caudillo del Sur’ (le ‘Seigneur de la guerre du Sud’) pour voler au service des forces révolutionnaires mexicaines. Il transporte du matériel et des bombes confectionnées à partir de bâtons de dynamite à long retard, qu’il allume à l’aide d’un cigare et qu’il largue sur les fortifications gouvernementales. Entre ses différentes sorties, il n’hésite pas à participer aux raids de cavalerie menés par Pancho Villa. Cette épopée est reprise dans le film de Buzz Kulik sorti en 1968 sous le titre original Villa Rides’ (‘Pancho Villa’), avec, entre autres, Yul Brynner (Pancho Villa), Robert Mitchum dans le rôle de l’aviateur américain Lee Arnold et Charles Bronson dans celui de Rodolfo Fierro, le bras droit de Pancho Villa :

    Incursion en Asie

    Cependant, la réputation de Martin traverse l’océan Pacifique et, en 1916, il se rend en Chine pour y former les pilotes militaires du mouvement révolutionnaire de Sun Yat-Sen. Il poursuit son voyage au Japon, où il fait la démonstration de ses capacités pour le plaisir et l’étonnement de l’empereur. Il devient enfin pilote d’essais pour la firme Boeing, à Seattle (État de Washington) avant de rejoindre l’Angleterre comme membre de la Royal Canadian Air Force (RCAF), puis d’être transféré vers l’United States Marine Corps Aviation lorsque son pays déclare la guerre à l’Empire allemand.

    L’AVENTURE COLOMBIENNE

    Pour les habitants des villages de montagne endormis et isolés de Colombie, rien n’avait jamais créé un tel émoi dans leur vie que l’arrivée inattendue, à l’été 1919, d’un énorme oiseau mécanique, son moteur annonçant la nouvelle du retour d’El Intrepido Aviator Americano William Knox Martin en Amérique du Sud.

    Débarquement en mer des Antilles

    Des Colombiens avaient déjà pu observer un avion plus tôt, cette année-là quand, sur la place de la ville de Carthagène des Indes (Cartagena de Indias), sur la côte atlantique, un jeune étranger accompagné d’une mystérieuse caisse de marchandises est apparu et a procédé, sous leurs yeux écarquillés, à l’assemblage d’une ‘Jenny’ militaire provenant des surplus américains. Beaucoup d’entre eux n’avaient alors jamais vu ni un train ni une automobile, et il s’agissait-là d’un spectacle incroyable.

    Tandis que le jeune sympathique ‘Yanqui’ met la touche finale à sa ‘Jenny’ avec enthousiasme, des dépliants sont distribués à la foule annonçant que Martin acceptait des passagers payants pour effectuer de courts vols au-dessus de la ville, ainsi que son projet d’intéresser des hommes d’affaires au financement d’un service de courrier aérien et de passagers en Colombie, qui relierait Bogotá, une capitale pratiquement isolée à l’intérieur des terres, aux grandes métropoles côtières. Une telle route aérienne survolerait les Andes colombiennes, c’est-à-dire trois chaînes de montagnes formidables traversant le pays du nord au sud (le point culminant de la cordillère centrale, le volcan Nevado del Ruiz, culminant à environ 5 321 mètres d’altitude), entrecoupées des profondes vallées fluviales du Río Cauca et du Río Magdalena.

    Le système de transport commercial proposé par Martin dépasse largement l’imagination des autochtones car, en ce début du XXe siècle, il existe moins de 120 km de routes carrossables dans un pays physiquement aussi grand que la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne réunies. En effet, les cols escarpés et instables des Andes rendent presqu’impossible la construction de routes et de voies chemins de fer. Aussi le courrier au départ de la côte met-il un mois à arriver à Bogotá, en remontant le Río Magdalena en bateau puis, à dos de mulet, à travers les montagnes. La proposition insensée de l’Americano d’avaler cette distance en moins de six heures stupéfait, puis ne tarde pas à enthousiasmer un groupe d’investisseurs colombiens susceptibles de soutenir financièrement la création d’une compagnie aérienne nationale. Cependant, pour cela, il leur reste à être convaincus par un vol de démonstration entre la côte et la capitale, Bogotá.

    Si, en 1913, l’aviateur allemand George Schmitt n’avait pas effectué les premiers vols en avion sur le territoire colombien, dans la ville côtière de Barranquilla et la ville d’altitude de Medellín (1 500 m d’altitude), la Colombie n’entrerait dans l’ère de l’aviation que ce samedi 14 juin 1919, date à laquelle le pilote américain William Knox Martin réalise un long vol au-dessus de Barranquilla.

    Ce dernier se rend ensuite à Bogotá (2 640 m d’altitude), où il effectue un premier vol le lundi 29 septembre 1919, subjuguant la foule par ses voltiges aériennes.

    LE SURVOL DE BOGOTÁ

    C’est un article intitulé ‘Quand les bogotains croyaient de c’était la fin du monde’ publié sur ‘Bogotá’, le site Internet des archives de la capitale par le philosophe Dionel Benítez Rodríguez en 2020 qui retrace le mieux l’aventure de William Knox Martin en Colombie (pour mémoire, le texte ci-dessous est mis au présent pour en faciliter la lecture) :

    « Il y a 100 ans, le célèbre aviateur américain William Knox Martin effectue le premier survol de Bogotá. C’est un événement extraordinaire dont sont témoins le président Marco Fidel Suarez et son épouse, ainsi que des milliers de citoyens. Beaucoup croient que le ‘Flying Esperpento’ est l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse.

    Au début de 1919, d’après un Allemand qui vient d’arriver de Hambourg, fuyant la pauvreté et l’inflation qui touche son pays, Bogotá n’est qu’une ‘Ville primitive’. Ce qui est à moitié vrai, comme maintenant. À l’époque, Bogotá a adopté le tramway électrique, a pavé la première avenue automobile qui s’appelle l’Avenida Colón, qui commence en pleine Calle Real, aujourd’hui Carrera Septième, et se termine par le monument érigé en hommage à la reine Isabelle de Castille (1451-1504) et Christophe Colomb (1451-1506), deux figures sculptées par Cesare Sighinolfi et placées là en 1906, face au beau bâtiment de la Gare de la Savane.

    La ville e déjà encombrée par plus de 900 véhicules détruisant les dalles parce qu’on n’utilise pas encore de pneus, mais des roues massives avec lesquelles on peut facilement détacher l’asphalte. Dans très peu de maisons on abandonne les bassines et on commence à aménager, dans l’architecture des maisons, des pièces dédiées à la toilette ou des toilettes.

    Mais, au-delà de ces données décrivant Bogotá, il y a quelque chose de figé et qui semble ne jamais changer dans le temps : le manque d’infrastructure routière. Voyager de Bogotá à Barranquilla, Santa Marta et Cartagena prend un peu plus de 40 jours. Alors que des bongos [sortes d’embarcations] et des bateaux à vapeur naviguent déjà sur la Magdalena, servant d’hôtels itinérants, où c’est le bois qui est le plus transporté, un élément peut-être plus important que les passagers eux-mêmes, car les chaudières doivent rester allumées sans cesse pour faire tourner la roue à aube qui les fait avancer. Ce qui est effrayant, c’est que la Colombie est un pays isolé. Le courrier d’État est transporté sur ces navires et à dos de mule qui, les mulets et les muletiers devant être escortés par une patrouille spécialisée de soldats armés de vieilles ‘Winchester’, utilisées dans la ‘Guerre des Mille Jours’, afin de s’assurer que les valises arrivent bien à destination. Tout cela rend le transport du courrier quelque peu invraisemblable, inadéquat et coûteux pour un État qui recherche l’efficacité, tout comme sage cherche la pierre philosophale qui mettra tous les problèmes en perspective.

    Cherchant une solution au problème du transport du courrier, le gouvernement apprend que, depuis un peu plus de deux ans, au Chili et aux États-Unis, le courrier n’est plus transporté à dos de mule, de cheval ou par bateau, mais par avion et que, par ce moyen, tout est si efficace qu’une lettre peut parcourir une distance de 200 kilomètres en moins d’une journée, voire en quelques heures. Informé de ces événements, le président Marco Fidel Suárez promulgue la résolution 34 du 27 février1919 invitant les entreprises nationales ou étrangères à participer à l’appel d’offres et à la constitution d’une flotte d’avions ayant une capacité suffisante pour transporter le courrier national de n’importe quel point du pays, depuis et vers Bogotá. Toutefois, un mois plus tard, aucun entrepreneur n’a encore présenté de projet susceptible de remporter l’appel d’offres en question.

    Enfin, trois groupes d’entrepreneurs, chacun de leur côté, se mettent au défi. D’un côté, il y a les antioqueños Gonzalo Mejía et Alejandro Echavarria, qui ont depuis longtemps envoyé Guillermo Echavarria à Paris afin qu’il y acquière, grâce à Henri Farman, le célèbre constructeur et concepteur d’avions, deux de ses machines les plus avancées répondant aux caractéristiques techniques nécessaires pour transporter le courrier dans les contrées sauvages colombiennes.

    D’un autre côté, il y a un groupe d’Allemands qui, dès 1909, ont prévu de créer une compagnie d’aviation afin de sortir le plus rapidement possible les émeraudes des fameuses veines de Chivor pour les transporter jusqu’à Idar[-Oberstein], en Allemagne, guidés par Peter von Bauer, un comte millionnaire, en association avec le géologue Fritz Klein, qui était venu plusieurs fois dans cette petite ville Boyacense [de Boyacá] et avait jeté un coup d’œil au commerce. Enfin, il y a les Bogotans Carlos Obregón et Mario Clopatovski, qui ont le mérite d’avoir fondé, en 1916, le Club d’aviation de Bogotá (un club d’aviation sans avions).

    Alors qu’en Colombie le président Suarez travaille à la mise en place d’une poste aérienne, aux États-Unis, William Knox Martin, connu sous le nom d’Intrépide, consolide sa réputation d’aviateur légendaire aux côtés de Gus Thor, avec qui il a créé une compagnie de spectacles aériens parcourant le monde et obtient non seulement des cachets importants pour ses présentations, mais aussi de vibrants applaudissements pour ses cascades aériennes risquées. Il s’est déjà rendu au Venezuela en 1913, en Chine en 1914 et au Mexique en 1916.

    Lors de l’un de ses vols, Knox apprend, par l’intermédiaire de Carlos Obregón, qu’en Colombie, ils veulent établir un service aérien de courrier et accepte rapidement de se lancer dans une aventure commerciale. Sans hésiter, il embarque son avion sur un navire de la United Fruit Company à destination de Puerto Colombia, où il arrive le 25 mai 1919 et commence immédiatement à l’assembler, lui-même dans un hangar improvisé, à la périphérie de ce débarquement et, quelques jours plus tard, le 12 juin, vers 10 heures du matin, il effectue le premier vol aérien postal en Colombie, chargeant du courrier de Barranquilla à Puerto Colombia dans le ‘Curtiss’ portant, peint sur le fuselage, le nom ‘Jenny’, en l’honneur de sa petite amie de l’époque. Il conçoit lui-même le timbre utilisé ce jour-là pour l’affranchissement et l’apposition du cachet de la poste.

    Bogotá, anxieuse et dans l’expectative

    Tandis que Barranquilla est en liesse, l’ambiance est très chaude à Bogotá car, en mars, pour des raisons encore inconnues, le président Suarez reprend aux tailleurs le contrat de fabrication des uniformes des soldats de l’armée, cédant leur confection à une usine américaine, afin qu’ils conçoivent dans les plus brefs délais les huit mille uniformes nécessaires pour habiller la troupe devant participer aux commémorations du centenaire de la bataille du pont de Boyacá. En réaction à cette décision gouvernementale absurde, selon les citoyens de l’époque, les tailleurs organisent une manifestation sur la Plaza de Bolivar le 16 mars, qui se disperse juste à temps, la troupe ayant abattu 10 tailleurs et blessé 15 autres personnes.

    Au milieu du débat sur ce massacre, le gouvernement national, informé des exploits de ‘El Intrépido’ à Barranquilla et dans le but de détourner l’attention des tensions et des protestations des Bogotans, invite Knox Martin à se rendre immédiatement de Puerto Colombia à Bogota qui, au lieu de transporter du courrier, se joint à la célébration du centenaire. Réceptif, Knox transporte immédiatement son avion en pièces détachées sur un navire qui prend littéralement 40 jours pour rejoindre Flandes, où l’aviateur l’assemble et troque le nom de ‘Jenny’ pour celui de ‘Bolivar’ afin d’encadrer la fête. De Flandes, il reprend l’air le 4 août et atterrit sur la piste de l’hippodrome du Jockey Club de Bogota, qui se trouve sur la 39e rue à Zipaquirá, aujourd’hui avenue Caracas. L’arrivée de l’aviateur à Bogota fait disparaître complètement les tensions sur la Plaza de Bolivar. C’est l’aviation et le spectacle !

    Les gens oublient alors les huit mille uniformes militaires et se concentrent sur le vol de promotion que doit effectuer ‘El Intrépido’ à proximité du pont de Boyacá, où une grande étape digne des Nations les plus puissantes est organisée. Ainsi, le 7 août 1919, les collines douces et vertes qui ornant cet endroit deviennent un endroit désagréable et inconfortable, couvert de milliers de personnes.

    Après ce succès, Bogotá revient apparemment au calme, les ânes chargés d’eau chlorée dans des jarres d’argile recommencent à marcher dans ses rues poussiéreuses, et les vendeurs continuent à approvisionner en bois les pauvres gens, qui sont encore en train de cuisiner. L’attention se concentre alors sur le prochain vol que doit effectuer Knox Martin, maintenant oui, dans la capitale du pays. Le 11 août 1919, dans ce qui est alors le domaine Quiroga (aujourd’hui un quartier), décore l’avion avant de repartir vers Bogotá, où il doit survoler la Plaza de Bolivar, moment où le pilote doit libérer une couronne de laurier qui – comme suggéré – doit tomber exactement sur la statue du roi regardant vers le Capitole. La place est remplie de curieux qui n’ont jamais vu un avion et l’imaginent comme l’un des chevaux des Quatre cavaliers de l’Apocalypse. Quand Knox Martin lâche la couronne, le bruit produit par les feuilles en effleurant le vent à la vitesse de la chute libre, effraie les gens qui, incapables de se déplacer, commencent à crier et à brailler à moitié.

    En l’air, pendant ce temps, l’aviateur exécute ses légendaires acrobaties, comme la fameuse ‘chute de la feuille’, ce qui aggrave le problème : l’avion semble tomber du ciel et, juste avant de ‘s’écraser’ sur le sol et la foule agglomérée émerge victorieuse dans les airs, comme un phénix renaissant de ses cendres. Naturellement, passé le choc des gens, Knox Martin ne trouve pas la paix et le calme pendant les trois mois suivants, car il doit effectuer des vols acrobatiques en différents endroits de la ville pour satisfaire les Bogotans. Par la suite, quatre terrains improvisés deviennent des aérodromes : Muzú, El Quiroga, El Refuegio (Fontibón) et El Perdomo, aujourd’hui transformés en quartiers résidentiels.

    En conclusion, l’entreprise qui remporte finalement l’appel d’offres pour établir le courrier aérien est la Compagnie Colombienne de Navigation Aérienne, créée par les antioqueños Mejía et Echavarria, et fondée le 19 septembre 1919, qui est – et que ce soit bien clair – la première compagnie aérienne commerciale créée dans le monde et qui, malheureusement, a une vie très courte, mais est la première. C’était l’histoire du premier vol pour Bogotá. »

    KNOX MARTIN SE FAIT DAMER LE PION

    Ce que l’article de Dionel Benítez Rodríguez ne dit pas, c’est que le vendredi 5 décembre 1919, soit quelques mois après cet exploit, la Société colombo-allemande de transport aérien (Sociedad Colombo Alemana de Transporte Aéreo/SCADTA) est enregistrée à Barranquilla tandis que c’est la Compagnie aérienne d’Antioqueña (qui existe toujours) qui transportera officiellement le courrier aérien avec le soutien gouvernemental.

    En clair, et comme c’est souvent le cas en affaires, ce n’est par le concepteur d’un projet qui en recueille les fruits, mais bien des entrepreneurs plus rapides jouissant de fonds propres et du soutien de certains banquiers… ainsi que de solides relations politiques.

    Dans ces conditions, que faire ?

    WILLIAM KNOX MARTIN FONDE UNE FAMILLE

    Le mercredi 7 décembre 1921 (soit 20 ans jour pour jour avant l’attaque japonaise sur Pearl Harbor), William Knox Martin épouse, à Panama, la Senorita Isabella Vieco. La cérémonie est présidée par le révérend Roberts, de l’église baptiste de la Zone du Canal. L’annonce de cette union surprend d’autant plus les amis et les proches du lieutenant qu’elle s’accompagne du faire-part de naissance, dans sa résidence en Colombie, d’un fils le jeudi 12 janvier 1922.

    Isabella Martin est la fille de feu le général Vieco, de l’armée nationale coloniale, un membre d’une vieille famille espagnole établie en Amérique du Sud au temps des Conquistadores. Elle est aussi la sœur du général Julio Vieco, qui a perdu la vie pendant la révolution colombienne et à la gloire duquel une statue fut érigée à Baranquilla.

    Probablement déçu de sa mésaventure colombienne, William Knox Martin retourne à New York

    Désormais marié et père de famille, l’aviateur abandonne la voltige aérienne et mène une vie de journaliste et d’artiste. En 1927 (année à confirmer), il ramène son épouse, ses deux fils et un troisième enfant à naître, à Salem, où il reprend l’aviation comme pilote de ligne.

    UNE FIN TRAGIQUE

    Très ironiquement, William Knox Martin est victime d’un accident de la route à Watertown (État de New York) le jeudi 28 juillet 1927, alors qu’il n’est que passager du véhicule. Il est grièvement blessé au dos et décède deux jours après le drame, à l’âge de 36 ans. Sa dépouille est ramenée à Salem pour être inhumée dans la concession familiale du East Hill Cemetery.

    UN FILS CÉLÈBRE

    Nommé Knox Martin, le premier fils de William Knox Martin naît le lundi 12 février 1923 à Barranquilla (Colombie).

    Après un engagement dans la marine américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, Knox Martin s’inscrit à l’Art Students League of New York, où il étudie de 1946 à 1950.

    Son œuvre est associée à l’art de l’école dite ‘de New York’ (‘New York School’), un groupe d’artistes et d’écrivains. Il fait partie des artistes de l’expressionnisme abstrait américain, même s’il refuse cette catégorisation.

    Il vit et peint à New York et enseigne pendant 45 ans à l’Art Students League of New York, ainsi qu’à la Yale Graduate School of Arts, à l’université de New York, à l’université du Minnesota et à l’école internationale de peinture, dessin et sculpture en Ombrie (Italie).

    Il est le père de l’actrice Raven De La Croix, célèbre pour son apparition dans la comédie érotique ‘Mega Wixens’ (1976).

    Distingué dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, Knox Martin décède le dimanche 15 mai 2022, à l’âge de 99 ans.

    ÉPILOGUE

    Si William Knox Martin marque l’histoire, c’est incontestablement du fait de sa participation active à la Révolution mexicaine, il est vrai très librement adaptée par le cinéma américain à la fin des années 1960. Un film d’ailleurs très daté, dont le ton général choque franchement de nos jours.

    Pour ce qui concerne l’exploit de la première liaison postale aérienne entre Barranquilla et Bogotá, il faut se rappeler que le jeune lieutenant chilien Dagoberto Godoy Fuentealba a relié Santiago du Chili à Mendoza (Argentine) le vendredi 12 décembre 1918, en franchissant le col du Christ Rédempteur des Andes, qui se situe à 3 832 mètres d’altitude. En comparaison, rejoindre la capitale colombienne n’impose pas de dépasser de beaucoup les 2 548 mètres, l’atterrissage s’effectuant dans une sorte de savane.

    De même, la déconvenue d’El Intrepido face aux réalités économiques et aux coalitions d’intérêt sont, somme toute, très banales. En effet, la création de lignes postales aériennes nécessite l’engagement de fonds colossaux pour l’acquisition d’une flotte conséquente, ainsi que pour la mise en place d’infrastructures aéroportuaires locales et d’équipes de maintenance importantes. Dans cette course, l’Américain n’est pas de taille et il doit jeter l’éponge.

    N’est-ce pas le lot de la plupart des pionniers ?

    Éléments recueillis par Bernard Amrhein

     

    SOURCES

              Archivo de Bogotá, Secretaría General – Alcaldía Mayor de Bogotá, por Dionel Benítez Rodríguez / Filósofo

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    Pilote de montagne (PDM) est une association à but non lucratif accueillant tous les amoureux de l’aviation en général, et du vol en montagne en particulier.

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