Pendant l’été 1956, les Expéditions polaires françaises de Paul-Émile Victor entreprennent une campagne de tests médicaux à l’observatoire Vallot, juste sous le refuge Vallot, à 4 362 mètres d’altitude, sur le chemin du mont Blanc. Afin d’éviter d’y acheminer de lourdes caisses et des sacs volumineux à dos d’homme, on utilise des prototypes d’hélicoptères, ce qui permet de faire la promotion d’un type d’engins à l’emploi prometteur en montagne. C’est dans ce cadre que Jean Boulet et Henri Petit, alors pilotes d’essai, effectuent le premier sauvetage en hélicoptère dans le massif du Mont Blanc…
UNE OPÉRATION LOGISTIQUE RÉUSSIE
Dans le film intitulé ‘SOS Altitude’, de Mario Marret (Armor Film), un Djinn SO.1221 et une Alouette II du Centre d’essais en vol (CEV) de Brétigny sont chargés d’acheminer trois tonnes de matériel, de nourriture, d’équipements et d’appareils scientifiques jusqu’au refuge Vallot avant que les hommes de l’expédition les acheminent à pied jusqu’à l’observatoire, situé non loin de là, en contrebas.
Tandis que les caisses sont transportées dans la carlingue des appareils, les sacs de charbon sont transportés sous élingue et largués sur la Drop Zone (DZ) préparée à cet effet.
Il faut 17 minutes au chef-pilote Jean Boulet et à son acolyte pour atteindre l’aire de poser et de largage. Au total, les rotations s’effectuent en 40 minutes par appareil, chacun consommant 50 litres de carburant…
PREMIER SAUVETAGE EN HÉLICOPTÈRE AU MONT BLANC
Sur place, les hommes de l’expédition doivent s’acclimater à l’altitude puis, sous la conduite du docteur Jean Rivollier, subir différents tests afin de vérifier leur aptitude à l’effort dans des conditions polaires où l’air manque. Alors que les membres du groupe s’acclimatent lentement, Poirier est sujet au mal d’altitude et doit être évacué de toute urgence.
Malgré le mauvais temps, Jean Boulet, accompagné d’Henri Petit, décolle avec une Alouette II et atteint la DZ en cinq minutes. Sur place, les membres de l’expédition soutiennent Poirier jusqu’à l’hélicoptère qui, une fois le malade et Petit à bord, redécolle vers la vallée complètement bouchée.
Après quelques moments dramatisés à l’extrême, l’hélicoptère se pose enfin et le malade est évacué vers l’hôpital de Chamonix. Cette séquence illustre parfaitement le rôle que pourront jouer, à l’avenir, les aéronefs à voilure tournante dans le cadre du secours en montagne.
LES ESPRITS NE SONT PAS PRÊTS
Malheureusement, à Chamonix (et ailleurs certainement), les esprits ne sont pas prêts à un changement aussi radical. C’est ce qu’illustre parfaitement le drame de Vincendon et Henry fin décembre de la même année et au tout début de l’année suivante.
Comme l’alpinisme hivernal n’a pas encore droit de cité, on laisse longtemps les deux hommes à leur sort, avant de décider d’engager des hélicoptères de manœuvre pour les récupérer sur le rebord du grand Plateau. Le reste n’est qu’un enchaînement de catastrophes plus incroyables les unes que les autres, tant au plan du sauvetage en montagne par voie terrestre que de l’emploi des moyens aériens dans ce rôle.
Au final, les Alouette II (et Jean Boulet) arrivent à la fin de la bataille et ne servent qu’à survoler la carcasse du Sikorski S-58 où reposent les dépouilles des malheureuses victimes…
Éléments recueillis par Bernard Amrhein
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