ÉDITORIAL 13 – Vers un centenaire oublié ?


En cette journée de Fête nationale, Pilote de montagne revient sur la commémoration d’un événement hors du commun. En effet, le vendredi 30 juillet 2021, la communauté des pilotes de montagne célèbrera le 100e anniversaire du premier posé en avion dans le massif du mont Blanc… Quid des célébrations au plan local ?

En ce samedi 30 juillet 1921, à l’aube, le Genevois François Durafour effectue une reconnaissance autour du sommet le plus mythique d’Europe occidentale. Enfin, il se pose sur le dôme du Goûter (4 304 m d’altitude), sur roues, « sans freins et sans crampons », et devient ainsi le tout premier pilote d’avion à briser un tabou. Avec lui, il ne s’agit pas seulement de franchir un obstacle pour gagner du temps, ou de simplement l’effacer pour relier les hommes entre eux (comme l’avait fait le Suisse Agénor Parmelin le mercredi 11 février 1914) mais, bien au contraire, de se poser en terrain accidenté puis de redécoller sans dommage malgré la force des éléments.

En cela, François Durafour est un défricheur, un pionnier, un visionnaire aussi. En effet, à travers cet exploit, il ouvre la voie à des successeurs célèbres, comme Ernst Udet par exemple. Cependant, il faut encore attendre plus de trente ans pour que les techniques d’atterrissage et de décollage sur neige soient parfaitement au point grâce à l’engagement et à la persévérance du Suisse Hermann Geiger.

Au début des années 1950, en terrain difficile, l’avion devient un moyen pratique pour livrer des matériaux de construction et du bois de chauffage pour les refuges, ou encore du fourrage pour les animaux domestiques, pour les animaux sauvages aussi… Tout cela n’est, bien évidemment, rendu possible que par aérolargage, ou en suivant les traces de François Durafour et d’Hermann Geiger. Cependant, se poser en montagne, c’est aussi apporter un secours d’urgence aux personnes en détresse, pour les évacuer par les airs et rejoindre une unité de soins dans des délais très brefs. C’est tout cela qu’esquissent, en filigrane, les exploits des pionniers.

Ainsi, le Centenaire Durafour aurait pu être une occasion unique de rendre hommage à l’esprit pionnier et à tous les hommes et les femmes qui, au quotidien, prennent des risques inouïs pour porter secours aux montagnards aguerris comme aux simples promeneurs en difficulté. Apparemment, il n’en sera rien. Rien de prévu dans les agendas officiels des communes du mont Blanc qui, cédant à la ‘Cancel Culture’ ambiante, effacent de la mémoire collective le souvenir même des héros anciens. Les avions font du bruit, ils dérangent des coureurs de massifs toujours plus nombreux qui, eux, bien sûr, ne dérangent en rien la faune endémique… Les hélicoptères des services de secours ne polluent pas moins et ne font pas moins de bruit, bien au contraire, mais, nécessité oblige, on les tolère car ils peuvent toujours servir en cas de besoin…

Inutile de polémiquer, la mode est à la régression, pas à l’apologie du progressisme des temps révolus. Un jour pourtant, on s’étonnera que des gens aient pu réécrire l’Histoire en taisant volontairement certains faits exceptionnels parce qu’ils ne correspondaient pas aux idées en vogue…

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