9/13 mars 1929 – Mermoz et Collenot survivent à un crash dans les Andes


Il arrive parfois que le pilote de montagne se retrouve dans des situations d’autant plus inextricables que le massif survolé est haut, étendu et désolé. C’est que qui arrive à Jean Mermoz et à son mécanicien, Alexandre Collenot qui, après s’être sortis d’une première situation délicate le 2 mars 1929, se crashent sur un plateau rocheux une semaine plus tard. Pilote de montagne (PDM) retranscrit l’article d’Irina de Chikoff publié dans ‘Le Figaro’ le jeudi 27 août 2015…

VOLS DE LÉGENDE 4/5 – Comment le chef pilote de l’Aéropostale et son mécanicien se retrouvèrent immobilisés à plus de 4 000 mètres d’altitude dans la chaîne andine qu’ils tentaient de franchir.

« C’est un miracle si, le 2 mars, Jean Mermoz, qui depuis deux ans est le chef pilote de l’Aéropostale en Argentine, a pu faire repartir son Latécoère 25 depuis la plate-forme sur laquelle il s’était posé en pleine cordillère des Andes. Mais Mermoz est ainsi fait que rien ne l’arrête. Il veut monter toujours plus haut, aller plus loin. C’est sa mystique.

 

À peine remis de leur première aventure pour franchir la montagne qui sépare l’Argentine du Chili et empêche l’acheminement du courrier entre Buenos Aires et Santiago, Jean et son mécanicien volant, Alexandre Collenot, repartent le 9 mars à 10 heures. Le trajet par le sud emprunté depuis la Patagonie est jugé trop long par Mermoz. Jean veut passer par le nord. Il sait que les sommets sont trop hauts pour son taxi qui plafonne à 4 200 mètres, mais il est convaincu qu’il trouvera une faille, un couloir, la brèche par laquelle il s’engouffrera et franchira l’infranchissable.

La barre verticale se dresse devant eux, superbe. Mais Mermoz a beau scruter cette masse minérale, il ne trouve aucun passage accessible au Latécoère. Et pourquoi ne tenterait-il pas d’attraper un courant d’air ascendant qu’il prendrait comme un ascenseur et qui le propulserait au-delà des 4 200 mètres ?

Le premier courant est trop faible. Le deuxième également. Mais le troisième libère l’appareil. L’avion est comme happé et franchit la barre. Mais de l’autre côté, c’est la chute.

Mermoz cabre l’avion et coupe les gaz. Le Laté heurte une paroi, rebondit, une fois, deux fois, puis roule et s’affaisse sur un plateau.

Collenot et Mermoz se regardent, se tâtent. Ils sont entiers, vivants. C’est encore un miracle. Mais ils n’ont guère le temps de s’en réjouir. La plate-forme de pierre sur laquelle ils ont atterri est cernée par des ravins. Collenot ne pense pas que le Latécoère soit réparable. Surtout dans leur situation. Ils se mettent en route, mais au bout de 500 mètres, Mermoz s’arrête. Par -15° C, sans vivres, ni équipements, ils n’ont aucune chance. La montagne sera plus forte que leur volonté. Une seule solution : réparer.

Leur visage, leurs mains, leur corps tout entier est une plaie.

 

Collenot examine méticuleusement l’appareil, sort ses outils du coffre et se met au travail, secondé par le pilote. La nuit, transis, ils poursuivent à la lumière de la lune. Au petit matin, Collenot, moins aguerri que Mermoz, saigne du nez et des oreilles. Le mal des hautes cimes. Mais il pense pouvoir remettre le moteur en marche.

Deux jours durant, il continue à s’affairer, tandis que Mermoz étudie le terrain. Il faut qu’il laisse glisser le taxi le long de la pente vers le ravin. Puis il le fera rebondir sur trois obstacles en espérant que le train tienne et là il mettra plein gaz pour attraper un courant ascendant, comme à l’aller.

Collenot et Mermoz se débarrassent de tout ce qui est inutile. Ils dépècent l’avion. Moteur ! Il ronronne. L’avion glisse. Le premier tremplin est passé, puis le deuxième et le troisième. Mermoz appuie sur le levier, redresse et, hissé par le vent, sort de la cordillère. À midi, l’appareil se pose à leur point de départ, Copiapo. Leur visage, leurs mains, leur corps tout entier, car ils ont déchiré leurs blousons pour colmater les fuites du radiateur, est une plaie.

Au mois d’avril, Mermoz recevra un Potez 25 qui peut monter à 6 000 mètres d’altitude. Avec ce nouvel avion, il parachèvera le franchissement de la cordillère des Andes.

Le Figaro Histoire consacre son numéro d’été à l’épopée fabuleuse de l’aviation : de Clément Ader à Saint-Exupéry, de Roland Garros à Mermoz, découvrez les exploits de ces merveilleux fous volants dans un dossier exceptionnel. »

Irina de Chikoff


SOURCES

  • 9 mars 1929 : Mermoz survit à la cordillère des Andes (Article publié le 27/08/2015 à 07:30, Mis à jour le 27 août 2015). « Comment le chef pilote de l’Aéropostale et son mécanicien se retrouvèrent immobilisés à plus de 4 000 mètres d’altitude dans la chaîne andine qu’ils tentaient de franchir. »

MERMOZ / LITTÉRATURE

  • Mes vols, Jean Mermoz. Mes vols est une compilation des écrits et des discours du pilote de l’Aéropostale Jean Mermoz. Il est publié, après sa mort, par ses amis, chez l’éditeur Flammarion, en 1937.

 

MERMOZ / MUSIQUE

  • Arthur Honegger : Mermoz – Suite No. 1 – La Traversée des Andes.

 

MERMOZ / CINÉMA

 

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