Le crétin des Alpes est un type biologique connu et scientifiquement répertorié, dont le manque d’iode se traduit par une carence goitrique d’intelligence ! C’est aussi le terme dont nos grands précurseurs, résistants, savoyards (si ce n’est pas un pléonasme), et pilotes de montagne se servaient, fermement comme Nano Chappel ou plus gentiment comme Robert Merloz, pour envoyer paître dans les alpages les aviateurs imbéciles qui se rendaient coupables en vol de comportements dangereux et idiots.
On aurait pu penser l’espèce en voie de disparition si l’aviation de montagne n’en avait conservé quelques spécimens affligeants. C’est ainsi qu’en ce printemps silencieux de stations de ski privées de remontées mécaniques et de dameuses nocturnes, les nuisances aéronautiques ont été perçues beaucoup plus négativement que naguère, dans un contexte général et très néfaste de mise en cause « citoyenne » de l’aviation.
Dans nos Alpes, la fermeture de Sallanches, les accusations et les menaces qui pèsent sur des terrains comme Annecy, Megève ou Courchevel du fait de la multiplication des plaintes des riverains auraient dû imposer des conduites (de vol) responsables en matière d’environnement humain et matériel. Il n’en a rien été cet hiver !
Des restrictions déjà nombreuses fixent pourtant les horaires d’activité de nos altiports. Elles limitent presque partout à deux le nombre des tours de piste successifs et les interdisent entre midi et deux, parfois aux seuls avions non basés (comme si les basés étaient moins bruyants, incohérence administrative notable !). Elles imposent sur tel terrain un seul hélicoptère à la fois etc. En dépit de toutes ces contraintes salutaires, hélas pas toujours respectées, les réclamations se sont faites beaucoup plus nombreuses et virulentes auprès des autorités et des élus.
Il est vrai que les excès sont toujours intolérables et que les pratiques irresponsables ne facilitent pas la cause. Multiplier les tours de piste à deux avions pendant les deux heures de la pause repas-répit-repos des résidents de l’altiport de Méribel, comme ce fut le cas, constaté et vérifiable, à plusieurs reprises en février ne plaide pas en faveur de la survie de ce sport aérien unique. Si l’on veut que l’aviation de montagne ait encore un avenir, il faut impérativement et catégoriquement qu’elle se fasse silencieuse, respectueuse de tous les environnements, décarbonée quand ce sera possible, « écologique » en un mot. Sa pérennité passe obligatoirement par la sérénité de toutes les parties prenantes.
Des pratiques simples pourraient y contribuer : par exemple, effectuer les essais moteur du matin non pas au pied des immeubles ou des chalets, mais sur la plateforme d’arrêt qui leur est opposée, ne pas dépasser 1 200 tours/minute au ralenti au point d’attente, attente quelquefois prolongée par la finale et l’approche d’autres appareils en circuit, régime aussi favorable au moteur qu’aux oreilles…Faute de ces attentions propices à la cohabitation pacifique des aviateurs et des riverains, les crétins des Alpes condamneront, pour n’avoir pas respecté les plages de silence indispensables à sa survie, et déjà imposées sur tant d’aérodromes, notre merveilleuse aviation à un silence total et définitif.
Pouvons-nous leur suggérer d’aller plus souvent au bord de la mer pour que la prise d’iode les ramène à une intelligence raisonnable de la situation créée par tous leurs manquements ?
Gérard David