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    23 janvier 1913 – L’Américain Franck Edward Boland décède au cours d’un vol de démonstration sur l’île de Trinidad

    Le dimanche 29 septembre 1912, un jeune pilote d’origine américaine survole pour la première fois la capitale du Venezuela et fait entrer ce pays dans la modernité. Poursuivant sa tournée dans la région, Franck Edward Boland se rend sur l’île britannique de Trinidad où, malheureusement, il trouve la mort dans un accident aérien en plein vol de démonstration. Aujourd’hui, Pilote de montagne (PDM) vous propose la lecture de l’article du journaliste aéronautique vénézuélien Alejandro Irausquin intitulé ‘101 años del Accidente Mortal de Frank E. Boland, 23 de Enero de 1913’, publié le 24 janvier 2014…

    CONTEXTE

    En ce début de XXe siècle, après l’Europe et l’Amérique du Nord, l’Amérique latine se passionne pour l’aéronautique naissante. Comme il faut s’y attendre, les premières démonstrations publiques sont l’œuvre de Gringos’ en quête de débouchés commerciaux, et sur des appareils de conception et de fabrication étrangères.

    Au Venezuela, c’est l’Américain Franck Edward Boland qui, le premier, prend son envol au-dessus de Caracas, la capitale du pays, le dimanche 29 septembre 1912 (voir notre article à ce sujet).

    Fort de son succès, le pilote poursuit sa tournée dans le pays avant de se rendre sur l’île de Trinidad, alors sous domination britannique depuis 1797. Pour la relation de l’événement tragique, nous nous en remettons à l’expertise d’Alejandro Irausquin, déjà bien connu de nos lecteurs pour son article très complet sur le ‘El Rio Caroni’, le mythique avion que le pilote américain James (‘Jimmie’) Angel Crawford, à la recherche de la fameuse rivière d’or (l’Eldorado’), avait dû abandonner sur le plateau de l’Auyan Tepuy (Venezuela) après son atterrissage raté du samedi 9 octobre 1937…

    L’ARTICLE D’ALEJANDRO IRAUSQUIN

    « …

    « … ils tomberont l’un, l’autre, et mille autres encore ; mais le monde devra sûrement contempler un jour, peut-être proche, peut-être lointain, le triomphe glorieux et définitif de l’homme sur l’élément subtil… »

    Frank Boland, Barquisimeto, novembre 1912 (cité par Luis Castillo Amengual).

    Le 23 janvier 1913, le pionnier de l’aviation américain Frank Edward Boland perd la vie dans le cadre d’une démonstration aérienne. Boland venait de Rahway, dans le New Jersey, aux États-Unis d’Amérique. Quatre mois plus tôt, Frank E. Boland était devenu la première personne à survoler le territoire vénézuélien, à Caracas, le 29 septembre 1912, aux commandes de son ‘Bluebird’, un biplan ‘Sin-Cola’ [sans queue], de sa propre conception et fabrication. Pendant les semaines suivantes, il avait effectué une tournée au Venezuela, se produisant en vol à Valence, Puerto Cabello, Barquisimeto, Maracaibo, et Ciudad Bolivar, et faisant ses adieux au Venezuela le 15 janvier 1913 pour prendre la direction de Trinidad. De même, ce 23 janvier tragique, il devient la première personne à piloter un avion à Trinidad.

    Comme le gouverneur britannique de la possession, Sir George Ruthven Le Hunte, avait prévu d’effectuer un voyage, Boland décide d’avancer sa démonstration au jeudi 23 en fin d’après-midi, à la tombée de la nuit. Partant vers l’est, il termine un premier tour. L’avion achève un autre circuit au-dessus du terrain de Santana Valley, avant d’atteindre les abords nord-ouest de Savannah, lorsqu’il se pique soudainement vers le sol.

    La nouvelle de sa mort est communiquée aux médias vénézuéliens, en particulier au quotidien ‘El Universal’, sponsor de l’événement de Caracas, par M. Fausto Rodriguez, représentant de Boland au Venezuela, depuis Trinidad, via Macuro. Rodriguez écrit alors : « Quand, forcé d’atterrir, il tenta vainement d’éviter le choc contre des arbres, sa machine descendit si vite qu’elle s’écrasa sur le sol » et « l’impact de l’appareil au sol projeta Boland 30 pieds [soit un peu plus de neuf mètres] hors du poste de pilotage, causant instantanément sa mort. »

    L’ingénieur José Antonio Salazar Sanabria, un étudiant vénézuélien de Trinidad, est témoin de l’événement tragique. Quand il arrive en courant là où l’avion s’était écrasé une minute plus tôt, Boland est mourant. Près de lui se trouve Jack Collie, l’agent de Boland sur l’île. Salazar Sanabria raconte, beaucoup plus tard, son expérience à l’éminent journaliste Guillermo José Schael, pour sa colonne ‘Boussole’ du 7 décembre 1966. En plus des souvenirs de la triste expérience, il conservait encore un éclat de bois de l’avion.

    Le biplan Boland ‘Tailless’ de 1913 est un développement du modèle de 1912 expédié au Venezuela. Avec ce modèle, les écoles de vol Boland sont créées après la mort de Frank.

    Le corps de Boland est transporté à l’hôpital colonial, où le rapport médical stipule : « Fracture de la clavicule gauche et de sept côtes, dont une a perforé son cœur ».

    L’hommage posthume paru dans la revue ‘Aeronautics’ de février 1913 reprend une photo de première de couverture datée du 17 février 1910 PRISE AU New Jersey montrant le Biplan sans queue Boland Modèle 1910 (qui n’a pas été emporté au Venezuela).

    Je conclus cet article par l’hommage rendu par le grand poète Marabino, à l’occasion du vol de Boland à Maracaibo :

    ‘L’Aéroplane’

    « Il a lutté, il a tremblé, il a couru devant,

    Il déplia ses ailes, et s’envola,

    comme un aigle Nô : comme un désir

    allant à la conquête du bleu lointain.

    L’aéronef par le radiant

    pied-bot, avance sans méfiance,

    comme si elle était étendue du ciel,

    La mer d’Atlante, à son goût.

    Sur la ville, sur la montagne,

    sur le nuage, dans la région vide

    élargissant, élargissant l’horizon…

    Et ainsi l’avion proclame en triomphe,

    qui s’approche de Dieu, mais chaque jour,

    le grand pouvoir de la pensée humaine. »

    Udón Perez. Maracaibo,1912

    Un compte rendu complet de l’histoire de Boland, de la Boland Aeroplane & Motor Co et de son passage au Venezuela peut être lu dans le lien ci-dessous récemment mis à jour pour l’occasion, et dans le document ‘1912-2012, Centenaire du premier vol au Venezuela’ du ‘Fund. Museo Transporte’, édité à l’occasion du Premier centenaire de l’aviation civile vénézuélienne :

    http://es.scribd.com/doc/201685272/

    Alejandro Irausquín

    Ingénieur aéronautique, Universidad Nacional Experimental de la Fuerza Armada Nacional (IUPFAN) 1991

    Membre du Latin American Aviation Historical Society (LAAHS)

    www.facebook.com/Alejandro.irausquin

    alejandro.irausquin@gmail.com

    www.twitter.com/airausquin

    Mes remerciements à M. Mauro Freschi Furlan (+), Alfredo Schael et Fabián Capecchi, pour leur immense assistance dans l’élaboration de cet article. »

    ÉPILOGUE

    En regardant les photographies de l’appareil piloté par Franck Edward Boland, on ne peut qu’être admiratif des pionniers de l’aviation affrontant un monde encore largement inconnu, ne serait-ce qu’au plan scientifique, aux commandes de frêles esquifs aériens à peine meilleurs que le ‘Flyer’ des frères Orville et Wilbur Wright.

    Comme nous l’avons déjà évoqué dans notre article sur le premier survol de Caracas, la démonstration de Trinidad s’effectue, elle-aussi, dans un environnement montagneux, même si l’altitude des sommets environnants est moindre que celle des pics de la Cordillère de la Costa (pour mémoire, le point culminant de cette chaîne est le pico Naiguatá [2 765 mètres d’altitude].

    Pour ce qui nous concerne, nous prenons le parti que l’aviateur américain prospectant l’Amérique centrale, le nord de l’Amérique latine et les Caraïbes s’est fait pilote de montagne sans même y penser…

    Éléments recueillis par Bernard Amrhein

     

    LIENS

    http://es.scribd.com/doc/201685272/101-Anos-Aviacion-en-Venezuela-Alejandro-Irausquin-Ing-Aeronautico-Ene2014

    http://www.airspacemag.com/history-of-flight/Or-Die-Trying.html?c=y&page=4

    DOCUMENTS

    • ‘1912-2012, 100 Años del primer vuelo en Venezuela. Fund. Museo Transporte’.

    Textos de Mauro Freschi Furlan, Fabián Capecchi, Alfredo Schael.

    • ‘The Privilege of knowing Frank Boland’,

    by Alfredo Schael, LAAHS Venezuela, November 2000.

    SOURCES

    • 101 años del Accidente Mortal de Frank E. Boland, 23 de Enero de 1913.

    https://www.aviacioncivil.com.ve/101-anos-del-accidente-mortal-de-frank-e-boland-23-01-1913/

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    Pilote de montagne (PDM) est une association à but non lucratif accueillant tous les amoureux de l’aviation en général, et du vol en montagne en particulier.

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