21 mai 2013 – Record d’hélitreuillage de secours en montagne


Le samedi 14 mai 2005, le Français Didier Delsalle posait le patin droit de son hélicoptère Écureuil Astar AS350 B3 sur le sommet de l’Everest, réitérant son exploit et confirmant son record de poser en haute altitude, que personne ne pourra jamais dépasser. Au-delà de la prouesse technologique et de la performance sportive, le pilote d’essais d’Eurocopter avait certainement dans l’idée que, désormais, le secours en montagne pouvait se développer en conditions extrêmes. C’est ce concept qu’a expérimenté le pilote italien Maurizio Folini en hélitreuillant Gautam Sudarshan, un himalayiste népalo-canadien amputé des deux bras et grimpant sans prothèses, à 7 800 m d’altitude, le samedi 21 mai 2013, ouvrant ainsi la voie aux sauvetages dont nous sommes actuellement les témoins. Pour illustrer cet évènement, Pilote de montagne (PDM) publie (ci-dessous) trois articles parus à l’époque…

2013 : GAUTAM SUDARSHAN, HÉLITREUILLÉ À 7 800 MÈTRES D’ALTITUDE SUR L’EVEREST (Un article paru sur le site Internet ‘SUMMIT DAY’)

« Le 21 mai 2013, le record d’altitude pour un hélitreuillage a été battu par le pilote italien Maurizio Folini. Il a en effet réussi l’exploit de secourir Gautam Sudarshan, un alpiniste népalo-canadien, à 7 800 m d’altitude sur la voie normale de l’Everest, non loin du camp 4. Ce sont les sherpas accompagnant l’alpiniste qui alertèrent les secours en constatant son état de fatigue extrême. L’Eurocopter AS350 B3 a alors décollé de Lukla, avec notamment à son bord Simone Moro, éminent alpiniste – il vient de réussir la première hivernale du Nanga Parbat – mais également spécialiste du secours à haute altitude par hélicoptère. Arrivé sur les lieux, Folini dépsosa Moro qui coordonna ensuite le sauvetage depuis le sol. Quelques instants plus tard, Gautam Sudarshan était déposé sain et sauf au camp de base. Forza Italia !

 

En complément, je vous conseille l’interview de Simono Moro qui raconte ce morceau de bravoure sur le site de Montagne Magazine (voir paragraphe suivant).

LE PLUS HAUT SECOURS HÉLITREUILLÉ EN MONTAGNE : LIEU EVEREST, ALTITUDE 7 800 M

Par Ulysse Lefebvre, Montagne Magazine, le 13 juin 2013 à 17:51

Le 21 mai dernier [2013], le pilote italien Maurizio Folini, de la compagnie Fishtail Air, a réussi une opération de sauvetage par hélitreuillage exceptionnelle à l’Everest. Gautam Sudarshan, alpiniste népalo-canadien, était redescendu la veille épuisé du sommet et, soutenu par les sherpas chargés de l’accompagner, a été hélitreuillé à proximité du camp 4 de la voie normale du Khumbu[ii], depuis une altitude record de 7 800 mètres. Interview de Simone Moro, coordinateur du secours, himalayiste de haut niveau, pilote en altitude et locataire de l’appareil.

 

Montagnes magazine : Simone, ce secours par treuillage est le plus haut jamais réalisé en altitude. Pouvez-vous nous en rappeler les circonstances ?

Simone Moro : je confirme ici l’altitude de 7 800 mètres et le modèle de mon hélicoptère, un Eurocopter AS350 B3. Gautam était épuisé et ne pouvait plus avancer. Il était redescendu la veille du sommet et, dans la face ouest du Lhotse à proximité du camp IV, le long de la voie normale de l’Everest, son équipe de Sherpas a décidé de faire appel aux secours, même si une telle opération, par hélitreuillage au moins, n’avait jamais été réussie à cette altitude auparavant (NDLR : le précédent sauvetage hélitreuillé le plus haut enregistré fut réussi en avril 2010 à l’Annapurna, à une altitude de 6 900 mètres). Tard dans la matinée, Maurizio Folini, Armin Senoner et moi-même avons décollé de Lukla pour le camp de base de l’Everest. Nous avons sur place allégé la machine en enlevant les sièges et en démontant les portes, puis avons repris le vol jusqu’au camp II, à 6 500 mètres. Armin et moi sommes alors descendus de l’hélicoptère, avons fixé le câble puis coordonné l’opération par radio entre le pilote Maurizio et l’équipe de Sherpas qui assistait Gautam. Maurizio était donc seul à bord pour réaliser ce secours.

 

MM : Quelles étaient les conditions météo, était-il difficile de voler ou de stabiliser l’appareil à cette altitude durant l’opération ?

SM : les conditions météo étaient bonnes, un peu de vent et des températures plutôt douces. Un appareil de ce type est en revanche plus performant en stabilité par des températures plus basses. Gagner cette altitude de 7 800 mètres et parvenir à stabiliser l’appareil comme l’a réussi Maurizio est une performance incroyable. On le doit à son expérience du vol et à ses qualités indéniables. Maurizio a du parvenir à stabiliser l’engin pendant une minute, à cause des manœuvres que les Sherpas devaient faire afin de rattacher l’alpiniste au câble. D’après Maurizio, les paramètres de l’appareil évoluaient de part et d’autres de la zone rouge sur les cadrans, pendant toute cette minute. Gautam a finalement pu être treuillé, et redescendu directement au camp de base. Maurizio est ensuite revenu au camp II pour nous redescendre, Armin et moi.

MM : comment faut-il interpréter cette performance ?

SM : le danger sur l’Everest reste le même, et la mesure des risques ne doit pas changer. Ce type de secours est exceptionnel, ne peut être entrepris que par bonnes conditions climatiques et sera peu répété. Personne ne doit avoir en tête qu’un secours par hélitreuillage est possible au-delà d’une certaine altitude. Mon appareil est d’ailleurs, selon la théorie, non approprié pour voler au-delà des 7 000 mètres. Il est tout de même allé au-delà, avec Maurizio aux commandes. Ainsi cet homme et cette machine détiennent-ils désormais le record de sauvetage en altitude, battu de près de 1 000 mètres. Mais à l’Everest, il est plus facile de mourir que d’être secouru. »

Éléments recueillis par Bernard AMRHEIN


SOURCES

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