27 décembre 2000 – Le « Walliser Bote » [1] revient sur le crash sur le glacier du Tsa-de-Tan [2]


Le samedi 23 décembre 2000 après-midi, un Piper PA-28 italien, avec trois personnes à bord, s’écrase sur le haut glacier du Tsa-de-Tsan, en Suisse, non loin de Zermatt. Le pilote et les deux passagers s’en sortent indemnes mais décident de descendre dans la vallée par leurs propres moyens. Légèrement vêtus et chaussés de simples baskets, ils entreprennent de passer par un couloir très pentu. Le pilote et un passager chutent et s’écrasent en contrebas. Le deuxième passager, un jeune homme, poursuit sa course et n’est sauvé, le lendemain, que par l’intervention d’un hélicoptère d’Air Zermatt[3]

Le mercredi 27 décembre 2000, le ‘Walliser Bote’ (‘Le Messager Valaisan’) publie un long article sur ce sauvetage en hélicoptère.

« CRASH D’UN AVION À L’ISSUE FATALE

(En première page).

Le pilote et un passager ont survécu au crash mais sont victimes d’une chute en cherchant du secours. Zermatt/Aoste – (AP).

Un avion s’est écrasé samedi [23 décembre 2020] Dans la région frontalière italo-suisse, avec un pilote et deux passagers à bord. Les occupants ont survécu au crash, le pilote et un passager ont fait une chute en cherchant des secours en haute montagne.

Un passager a survécu. Samedi dernier, au centre d’alerte du Val d’Aoste, dans le nord de l’Italie, peu après 17 heures, on a appris qu’un Piper PA-28, qui avait décollé d’Aoste à 14 h 30, n’était pas arrivé près de Milan comme prévu. Le pilote et ses deux passagers avaient initialement l’intention de se rendre d’Aoste en direction de Milan via la Valpelline et le Matterhorn (Cervin). Lancée le même jour, une première action de recherche, s’avéra infructueuse. Le lendemain matin, l’avion fut retrouvé par Air Zermatt, gravement endommagé, à 3 200 mètres d’altitude derrière le Col de Valpelline, en territoire italien, à la frontière suisse. Cependant, l’avion était abandonné. En dessous du lieu de crash, les secours purent relever les traces des personnes disparues. Plusieurs centaines de mètres en contrebas, les sauveteurs découvrirent au pied d’un couloir en pente, deux naufragés victimes d’une chute (voir page 9).

ILS ONT SURVÉCU A UN CRASH D’AVION ET SONT MORTS EN DESCENDANT DANS LA VALLÉE

Pilote et passager se sont écrasés et tués au bord d’un glacier – un passager a survécu (article de la page 9 du ‘Walliser Bote’ du 27 décembre 2000).

(Zermatt/Aosta.-AP/wb) Après le crash d’un Piper PA-28 dans la zone frontalière italo-suisse, deux occupants d’un avion ont été tués en descendant dans la vallée. Un passager a survécu et a été sauvé douze heures après l’accident. L’avion s’est écrasé en haute montagne, près du Cervin.

Immatriculé en Italie, le Piper s’est écrasée samedi après-midi [23 décembre 2000] pendant un vol Aoste-Matterhorn [Cervin]-Milan, pour des raisons qui ne sont pas encore élucidées.

Le lieu du crash se situe derrière le col de Valpelline, à 3 200  mètres d’altitude, en territoire italien, non loin de la frontière suisse. Après une première action de recherche coûteuse le samedi soir, avec utilisation d’une caméra thermique, Air Zermatt a réussi à localiser, le dimanche matin, la machine fortement endommagée.

L’avion était vide à la surprise du pilote de l’appareil de secours, comme l’indique le message de l’Air Zermatt.

Une chute de 50 à 70 mètres

Moins de 1 000 mètres en-dessous du crash, les secours ont découvert et suivi les traces en partie effacées des occupants disparus. Sur le glacier du Tsa-de-Tsan, ils ont retrouvé une carte d’aviation et des traces de pas qui, avant les grands séracs, conduisaient d’abord vers l’ouest puis, un peu plus loin, dans un couloir escarpé à 70 degrés de pente.

Les occupants de l’avion étaient légèrement vêtus, avaient quitté le lieu du crash sans connaître la région et se sont perdus à deux kilomètres de là, dans la nuit. Au pied de la pente, l’équipage de l’hélicoptère d’Air Zermatt a découvert le corps du pilote et celui d’un passager. Selon Ulf Klostermann, le médecin qui accompagnait les secours, ces deux personnes avaient fait une chute de 50 à 70 mètres, se blessant mortellement.

Un jeune homme a survécu

Le troisième homme a été retrouvé en territoire italien, à une altitude de 2 100 mètres, à cinq kilomètres d’Air Zermatt, peu avant le Prarayer, dans la Valpelline. Après la chute de ses compagnons, livré à lui-même, le jeune survivant a réussi, bien qu’en baskets, à descendre jusqu’aux victimes. Après avoir constaté leur décès, il s’était battu pour descendre dans la vallée avec de la neige jusqu’aux genoux. D’après Klostermann, le jeune Italien souffrait probablement d’engelures aux pieds. Il a été confié aux bons soins de l’équipe italienne de secours. Pour survivre à de telles épreuves, quelqu’un doit être en parfaite condition physique, souligna le médecin. Le jeune homme portait des vêtements légers et a dû passer une nuit entière dans les montagnes par des températures de moins dix degrés et par un fort du sud-ouest.

Erreur fatale

Questionné, le chef des secours de Zermatt, Bruno Jelk a indiqué que les occupants de l’avion avaient commis l’erreur fatale de quitter l’avion après le crash. Le docteur Klostermann a également confirmé que ces trois personnes auraient survécu à la catastrophe si elles avaient attendu dans la cabine de l’avion – intacte après l’accident – d’être secourues.

La leçon oubliée du glacier du Gauli – Secours nocturne au Tsa-de-Tsan

Par Edouard Wahl, Brissago.

Évoluer de nuit dans la neige avec des chaussures de tennis, c’est comme nager vers un canot de sauvetage avec une pierre autour du cou.

Vêtu de vêtements légers et en baskets, l’un des trois rescapés de l’accident d’avion sur le glacier du Tsa-de-San a parcouru une distance de cinq kilomètres et effectué une descente de 3 200 à 2 100 m d’altitude. L’épreuve alpine hivernale en vêtements d’été n’a pas réussi à ses deux compagnons d’infortune. On les a retrouvés morts au pied d’un couloir.

Depuis le premier atterrissage d’urgence de l’après-guerre d’un avion de grande taille sur le glacier du Gauli[i], la question de la survie en passant de la chaleur climatisée des avions accidentés aux déserts glacés de la haute montagne se posait toujours : vers où aller ? Avec quoi ?

S’ils étaient en train de couler, ils auraient des gilets et des canots de sauvetage gonflés, des rations d’urgence et des trousses de premiers secours.

En conclusion : sous chaque siège d’un avion traversant les Alpes on devrait trouver des crampons, des semelles antidérapantes, des bottes de neige, des combinaisons de protection contre le froid, des lampes, des cartes, une boussole, un tapis et une corde.

Sans ces accessoires, tout avion traversant les Alpes est un Titanic en puissance. S’ils sont est embarqués, ils garantissent de grandes chances de survie. »

Traduit de l’Allemand par Bernard Amrhein


SOURCE : 

  • Flugzeugabsturz mit fatalem Ausgang, ‘Walliser Bote’, Mittwoch, 27. Dezember 2000.

SÉRIE RED BULL :

  • ‘The Horn’ : Suivez l’équipage de Search And Rescue (SAR) d’Air Zermatt autour du Cervin (Mattterhorn), dans les Alpes suisses.


NOTES : 

[1] https://new.rro.ch/startpage

[2] « Le glacier du Tsa de Tsan se trouve en Vallée d’Aoste, au bout du Valpelline, à la frontière avec le Valais. Sa masse s’appuie contre la Tête de Valpelline et le Rocher de la Division, et se prolonge vers le refuge Aoste. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le haut Valpelline était occupé entièrement par le Haut Glacier du Tsa de Tsan et par le glacier des Grandes Murailles, d’où provenait le Buthier. La partie inférieure disparut par la suite, et l’adjectif haut fut donc omis. Le toponyme dérive du mot patois Tsa, indiquant le dernier alpage avant la limite des glaciers ; dans notre cas, il indique le « dernier des dernier » ».

[3] Air Zermatt.

[4] https://pilote-de-montagne.com/19-novembre-1946-un-avion-militaire-americain-secrase-sur-un-glacier-suisse/

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